mardi 15 février 2011

[Critique] 127 heures, de Danny Boyle



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127 heures, de Danny Boyle (Grande-Bretagne, Etats-Unis, 2011)



Sortie nationale le 23 février 2011



Note :
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Aron Ralston, un jeune con inconséquent et égocentrique, décide de partir en balade dans les gorges de l’Utah sans prévenir personne. Gambadant et fonçant comme un dératé de canyon en canyon,
histoire de profiter de la nature à fond (mode « into the wild » pour débile on), il finit par sombrer dans l’un d’eux, chutant avec un amas de rochers et se coinçant méchamment la main dans la
pierre… au point d’être complètement bloqué au fond du trou, c’est ballot ! Commencent alors 127 heures de galère pendant lesquelles notre petit « trisomique » pseudo-héroïque fera tout pour se
dégager du piège…

Comme le film est basé sur le bouquin écrit du bout de son moignon par le véritable Aron Ralston, qui y raconte sa « vraie » expérience « in the real life », autant le dire d’emblée : le jeune
homme sortira vivant de cette sale affaire, en se découpant tranquillement le bras avec son canif… Au passage, prévenons les âmes sensibles, cet épisode du film, gore à souhait et bien cadré en
gros plans, se vit comme une petite épreuve visuelle, la découpe de son propre nerf étant toujours une activité un brin délicate et douloureuse ! Les amateurs de sensations fortes pourront quant
à eux y trouver un certain contentement…

Ceci étant dit, autant évacuer maintenant vite fait ce qui fâche un peu : le caractère presque héroïque d’une mise en scène toute à la gloire du jeune homme, érigé en « surhomme » des temps
modernes, alors qu’il ne fait que se prendre au piège de son propre manque de jugement… Mais même si le film glorifie finalement la connerie humaine, au fond on s'en fiche un peu, dans la mesure
où Danny Boyle nous prouve avant tout qu'il est un réalisateur de génie, soignant ses effets et signant une œuvre fondamentalement "cool" ! Du coup, on en oublie presque une fin à la morale
senti-"menthe-à-l'eau"-archi-convenue, dans laquelle on admire le jeune homme quelques années plus tard, nageant comme un gardon malgré son moignon tout mignon au bout du bras, marié avec
enfants, mais surtout n'omettant désormais jamais de dire à ceux qu'il aime où il allait quand il partait... C'est carrément gnan-gnan, profondément crétin et premier degré, mais pourtant ça
passe quand même, étrangement, grâce évidemment à l'épatent talent visuel du sympathique et éternellement jeune Danny "le cool" !

Et le cinéaste britannique s’en donne bien sûr à cœur joie du côté de l’image. Il faut dire que la gageure de départ, celle de tenir 90 minutes sur un type coincé dans un ravin, est remportée
haut la main ! A l’instar d’un Ewan McGregor plongeant dans les abysses de la cuvette des WC (« Trainspotting ») ou d’un Leonardo DiCaprio propulsé en héros de jeu vidéo (« La plage »), on
observe ici le personnage de James Franco (talentueux et beau jeune homme, expressif exactement comme il faut) dériver entre une multitude de délires fantasmatiques… Entre des flash-back sur ce
qui l’a conduit au fond de ce gouffre ou sur ce qu’il aurait dû faire avant d’y parvenir (ne pas laisser sa copine le quitter, prévenir sa môman qu’il partait en randonnée), des flashforward
imaginaires (une fête à laquelle il aurait pu aller au lieu de rester coincé là, un orage déversant sur lui des trombes d’eau lui permettant de s’échapper de son rocher), ou de curieux moments
aux portes de la folie (divagations hilarantes autour du chien des dessins animés Scoubidou, un sketch laissant le personnage s’imaginer qu’il est l’invité d’une émission de talk show idiote), «
127 heures » conserve un rythme effréné d’un bout à l’autre !

Si le caractère artificiel et « mode » du film pourra en agacer certains, avec des effets audiovisuels parfois vains ou purement décoratifs, il n’empêche que Danny Boyle sait magner sa caméra et
rivalise d’imagination pour surprendre le spectateur à chaque plan ! Un point de vue quasiment constamment subjectif de l’image permet par exemple de se situer au plus près du personnage, de le
sentir proche de nous et de presque éprouver ses émotions à pleine puissance : quand ce n’est pas son propre champ visuel que le plan adopte, on a alors droit de se retrouver à la place des
objets qui l’entourent, tel son caméscope, l’intérieur de sa gourde alors que le liquide file vers sa bouche, ou pourquoi pas la lame de son canif vue depuis l’intérieur de son bras… La mise en
scène se fait alors anatomique ! Bien qu’elle demeure essentiellement, pour notre plus grand bonheur de spectateurs d’ailleurs, complètement déjantée et joyeusement ludique : la scène
d’exposition, notamment, est une petite mine d’or frénétique… On citera notamment la main du personnage cherchant un couteau suisse dans un placard, bien en vue pour nous, mais que le personnage
finira par renoncer à trouver. Et on se doute bien alors que ça risque de vraiment lui manquer pour la suite du film !



 



Mise en perspective :



- La critique du film sur ASBAF



- La critique du film chez le passeur critique































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14 commentaires:

  1. J'ai été trés déçu par le film, la mise en scène ne collant absolument pas au sujet. Les flashbacks et forward m'ont paru cucul au possible, et la scène gore ne se justifie pas, bref, rien à
    garder de mon côté...

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  2. Pas encore vu mais j'y compte bien. J'ai lu ton article seulement en diagonale parce que j'ai pas envie d'en savoir trop avant d'y aller, mais ça donne envie.

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  3. Le commentaire de Chris donne un peu moins envie En fait tout dépendra de si ma région le propose en VOST ou pas !

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  4. J'ai eu le même sentiment que toi. La réalisation de Danny Boyle colle ici très bien à son propos. Au contraire d'un Buried qui m'a fait chier, là je trouve que les digressions et autres
    hallucinations sont bien amenées. Sinon ces scènes d'ouverture et de fermeture sont clichés et le personnage est à baffer.

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  5. Verdict : partout en VF :/ On verra...

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  6. salut


    je sors de la séance il y a à peine 1 heure


    très bon film


    j'ai particulièrement apprécié la seconde partie du film quand hallu et réalité se confonde


    et les différents stades par lesquels passe le personnage


    James Franco est énorme

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  7. Je suis assez partagé pour ma part.


    J'adore Boyle, mais là je n'ai réussi à adhérer pleinement au récit. Pour moi le fait divers est impressionnant, mais la matière à en faire un long-métrage reste douteuse. Et malgré quelques
    bonnes trouvailles (la publicité, la fausse émission de télé...), les effets de mise en scène de Boyle m'ont plus apparu comme du remplissage. J'ai été moins accroché que pour 'Trainspotting' ou
    'Sunshine' car, justement, je trouvais cette forme beaucoup plus adaptée à ce qu'il raconte. Finalement, je préfère retenir de ce '127 heures' ses premières minutes, du générique split-screen à
    la rencontre avec les filles, qui sont vraiment très très bonnes (les minutes, n'est-ce pas ;) ).


    Au plaisir de te lire !


     

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  8. Pour ma part une vraie escroquerie ! Du remplissage indigeste pour faire tenir jusqu'à une scène d'auto-mutilation rapidement expédiée par un montage névrotique, toute une promo autour de cette
    scène très courte...une vraie arnaque. Par contre c'est un très beau spot de pub pour Décathlon ou l'office de tourisme de l'Utah... ou un très beau clip vidéo avec la musique envahissante de AR
    Rahman... Aussi nul donc que Slumdog, le film le plus surestimé de la décénie...

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  9. Le vrai Aron Ralston n'est pas un héros des temps modernes, non, comme le dit Phil Siné, c'est un jeune merdeux égocentrique et totalement inconséquent qui aurait mieux fait de rester coincé dans
    son trou. Le comportement qui consiste à risquer sa vie - ce qui revient de fait à "niquer" la mort pour se sentir vivant - est un truc d'autant plus lamentable que je l'ai bien connu moi-même,
    le seul remède à ça est de prendre quelques années de plus ou de se mettre devant une glace et de se coller des claques. Prendre des risques pour sa propre vie est une chose, en faire prendre aux
    autres par la même occasion en est une autre...

    Que fait-il de sa vie, maintenant, le vrai Aron Ralston ? Rien, rien de plus que de gérer le succès généré par son histoire presque dérisoire à la limite du voyeurisme. Je suis d'autant plus
    intolérant sur ce genre d'histoire que, comme beaucoup, j'ai bien aimé le film et croyez bien que je m'en veux, mais bon....

    Sur le film... On comprend bien dès le début que le couteau suisse que sa main ne parvient à attraper sur l'étagère va lui manquer terriblement pour le déroulement des événements ! Il y a de
    magnifiques paysages genre « Man vs Wild », de l'angoisse et une scène limite film gore ! Entre tout ça il y a des plans très inventifs comme la paille avec laquelle il boit la source de toute
    vie (l'eau) vue de l'intérieur ou la lame de son canif vue de l'intérieur de son bras. Il y a aussi quelques longueurs mais je ne me suis pas endormi devant mon écran pour autant, loin de
    là...



    Je répète une fois de plus que j'ai bien aimé le film mais que ce pseudo-héros des temps modernes n'est qu'un p'tit con et rien de plus... Oui, c'est un p'tit con comme je l'ai été. Sur ce genre
    de sujet il est extrêmement difficile de ne pas faire remonter son expérience personnelle et tous ceux qui se sont déjà présenté la figure ensanglantée et à moitié cassé aux yeux de leurs
    semblables (voir la fin du film) savent très bien que la première réaction des gens n'est pas de vous aider mais de vous jeter des pierres...

    D'une certaine manière ce film est une ode à la connerie humaine mais il n'en reste pas moins un très bon film (je me répète et je serais presque à la limite de m'en excuser)...

    Ceci étant, qu'est-ce que 127 heures comparés à la vraie « Real Life » du Maghreb et plus particulièrement aux massacres en cours dans la Libye de Kadhafi ?

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  10. Je n'ai pas trouvé que Danny Boyle glorifiait Aron, car au début il passe quand même pour un gros con, même si après sa remise en question l'aspect héroïque transparaît nettement, mais bon, on
    parle pas de "héros" d'un film pour rien.


    Tu dis qu'on colle aux émtions du personnage, je suis d'accord pour le caractère éprouvant, la douleur, le délire... mais pas dans les émotions par rapport à sa vie, qui ne passent que par des
    flashbacks trop peu développés pour toucher vraiment. Et d'ailleurs, je pense que c'est en partie ce qui rend le message final si plat (à la limite d'un Disney), alors qu'un message très proche
    peut avoir une réelle force dans un film comme "Into th Wild".

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  11. Pas loin d'être d'accord avec fFred sur ce coup, c'est vrai que c'est très agaçant cette "peur du vide" de Boyle, qu'il a sans arrêt besoin de remplir avec du clip pubesque... Et c'est d'autant
    plus dommage que James Franco est immense et que le film pouvait facilement tenir 90 mn sans tous ces artifices... Ceci dit, ça n'est pas si mauvais que Fred le dit non plus (tout comme Slumdog,
    au passage...)...


    Mais un tout tout petit film... avec un grand grand acteur...

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  12. J'acquiesce pour la plupart des défauts : la mise en scène où Boyle abuse des focus, un personnage trop cliché de l'américain de base arrogant et égoïste, trop de pub , la mièvrerie des
    flash-backs... Cependant je noterais pas ces quelques remarques aussi durement... Le montage et les plans magnifiques font passer la pilule. Le personnage est un casse-cou égoïste et arrogant
    mais rien à redire le vrai Aron Ralston l'était ! La mièvrerie, peut-être mais au bord du gouffre il semble que chacun d'entre nous se remettrait en question en pensant à ceux qu'on aime... La
    scène soit-disante gore de l'amputation n'est pas plus gore que de nombreux autres films et en plus Danny Boyle a l'intelligence de ne pas s'attarder sur le sujet. Au final c'est un film qui
    reste un des meilleurs de Danny Boyle. 3/4

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  13. Personnellment, j'ai adoré le film. La mise en scène clippesque de Boyle, que m'avait dérangée sur d'autres de ses films (The Beach, Slumdog Millionnaire...), colle très bien au
    sujet, je trouve (comme disait Phil, le contraste entre la solitude minimaliste d'Aron et la tonne d'effets...).


    En dehors de ça, j'ai trouvé que tout fonctionnait très très bien (musique, effets sonores [le coupage de nerf accompagné d'un son de buzzer, fallait oser quand même], jeu d'acteur
    excellent de Franco, rythme...). Je ne vais pas tout détailler, il y a ma critique complète sur mon site pour les intéressés. =)


    Je voudrais juste répondre à tous ceux qui se plaignent de la fin cucul et Disney-esque du film... Oui, certes, c'est un peu cliché qu'il se retrouve marié, avec enfants et heureux comme un roi.
    Mais il se trouve que c'est simplement la réalité, Boyle n'a rien inventé. Il a juste décidé de montrer ce qu'est devenu le vrai Ralston depuis
    son accident, et personnellement, j'en étais curieuse, donc ces images de fin me paraissent justifiées.


    Je finirai en disant que quand même, en ce qui concerne Ralston, faut pas déconner. Oui, c'est un jeune imbécile égocentrique et un brin arrogant au début du film ; mais de là à le qualifier
    définitivement de gros con profiteur qui "aurait mieux fait de rester dans son trou"... N'exagérons rien. Vous devriez aller lire son bouquin, on comprend mieux quel genre de mec c'est
    et surtout l'évolution radicale que cette avenure lui a fait subir.


    Et honnêtement, on a beau critiquer... Je ne crois pas que nous, bien au chaud devant notre écran, on aurait eu les couilles de faire le quart ce qu'il a fait. Et rien que pour ça, respect.


     


     

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  14. J’ai été surpris par ce long-métrage que je viens de découvrir dans le catalogue de mon application films en streaming : https://itunes.apple.com/fr/app/playvod-films-et-series-en/id689997717?mt=8 ! James Franco campe ce personnage sans aucune difficulté et la mise en scène est parfaite, car on ne s’ennuie pas une seule seconde lors du visionnage.

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