dimanche 6 février 2011

Créatures célestes (Heavenly Creatures), de Peter Jackson (Nouvelle-Zélande, 1995)



creatures celestes



 



Note :
star.gif

star.gif

star.gif



 



Inspiré d’un fait divers réel survenu en Nouvelle-Zélande dans les années 50, « Créatures célestes » retrace la rencontre entre deux adolescentes, irrésistiblement attirées l’une vers l’autre, et
dont la tentative de leurs parents de les séparer mènera à une tragédie meurtrière… Peter Jackson se saisit d’une réalité pour la transcender en une œuvre étonnamment romanesque, originale et
surprenante à de nombreux égards !

L’amitié qui naît entre Juliet et Pauline (Kate Winslet, dans l’un de ses premiers rôles, et Melanie Lynskey), issues toutes les deux de milieux sociaux opposés mais fréquentant la même école de
jeunes filles, semble tout d’abord d’une belle et tendre innocence : partage de la même passion pour un chanteur dont on se passe les vinyles en boucle ou pour l’écriture d’histoires intensément
romantiques… Des histoires qui vont pourtant peu à peu les enfermer dans un univers clos, les isolant doucement du monde réel. Leur passion va se faire plus déterminante, chacune s’inventant des
rôles et s’imaginant des mondes fantastiques exaltant leurs sentiments ! Peter Jackson s’en donne d’ailleurs à cœur joie dans des visions hallucinées et fantasmagoriques de châteaux surgissant en
pleine nature, de personnages sanguinaires en pâte à modeler, d’Orson Welles terrifiant tout droit sorti du « Troisième homme » de Carol Reed, que les deux adolescentes viennent de voir au
cinéma… Le jeu volontairement appuyé et exalté des actrices (toutes les deux incroyables !) et la mise en scène toute en démesure donnent au film une atmosphère grotesque parfaitement assumée,
transformant l’univers imaginaire des personnages en véritable paradis du kitsch !

Mais en nous faisant participer aux jeux de Juliet et Pauline, en nous rendant palpable leurs folles fictions et leurs ardents désirs, le cinéaste ose finalement atténuer la tragédie du
dénouement, la rendre presque acceptable et nous faire oublier finalement que les deux jeunes filles sombrent peu à peu dans la folie… Tout ça pour dire évidemment que la folie est un concept
tout à fait relatif, et que ce que les parents des héroïnes, ou les médecins d’ailleurs, jugent comme « malsain » dans leurs comportements, n’est rien d’autre que l’expression d’un amour un poil
« différent » des autres. L’amitié si « particulière » de ces « créatures célestes », même si elle n’est pas complètement explicitée par des perspectives métaphoriques finalement assez subtiles,
est bien sûr une émouvante relation homosexuelle, rendue exclusive et par là même dangereuse, à cause du regard et du rejet des autres… C’est ainsi le monde extérieur et réel qui pourrait être
tenu pour responsable de l’acte d’abomination commis comme un geste désespéré et de dernier secours par les deux jeunes filles.

Si l’histoire contée par le film s’avère passionnante, la mise en scène qui l’accompagne achève de la rendre particulièrement géniale, lui offrant des perspectives parfaitement novatrices… Il y a
dans « Créatures célestes » une telle fougue et une telle folie, que les styles et les genres semblent se mélanger et s’affronter dans un grand tout de bout en bout palpitant ! Des scènes de pure
horreur viennent notamment se glisser dans un univers intensément romantique et enivrant, faisant du long métrage de Peter Jackson une pièce unique : un grand film « goromantique », un conte de
fées horrifique ou une belle histoire d’amour déviant épouvantablement !



 



Mise en perspective :



- « Lesbiennes et tueuses » : des filles qui « en ont » !



- Mon Top 15 des films les plus Gay !



- Lovely bones, de Peter Jackson (EU-GB-Nouvelle-Zélande, 2010)































  • Plus










4 commentaires:

  1. Un très bon film que tout le monde devrait découvrir. On y sent tout le talent de Peter Jackson !

    RépondreSupprimer
  2. Beau et bon film où 2 gamines découvrent l'amitié et plus encore. Un scénario sans point faible avec une mise en scène inventive comme un rêve qui dévit de sa route. Gros point faible dans
    l'interprétation de Clive Merrison (papa Hulme donc de Kate Winslet) qui fait penser à un gros psychopathe et non en père, et de Mélanie Lynskey qui agace avec ses grimaces appuyés  sans
    émotions et ce dès le début du film. 2/4

    RépondreSupprimer
  3. Un superbe film, qui surpasse même en qualité "Le Seigneur des Anneaux", que j'aime beaucoup pourtant (et même si ce n'est pas comparable ^_^).

    RépondreSupprimer
  4. bah moi le seigneur des anneaux, passé le 1er, ça m'a un peu gonflé... et puis on n'y trouve pas l'audace de ses premiers films justement, comme celui ci ou même "braindead" !

    RépondreSupprimer