jeudi 28 janvier 2010

Star wars épisode 1 : La menace fantôme, de George Lucas (E.U., 1999)



star_wars_1_menace_fantome.jpg



Note :
star.gif

star.gif




Sorti en 1999, « La menace fantôme » demeure probablement l’épisode le plus faible de toute la saga « Star wars ». Coincé entre l’épisode 6 de 1983 et l’épisode 2 de 2002, il se présente surtout
comme un gros chapitre d’exposition, en forme de prologue pour la seconde trilogie… Observons pour commencer que ce serait une grave erreur, pour quelqu’un qui ne connaît pas du tout l’hexalogie
imaginée par George Lucas dans les années 70 (ça existe encore ?), de commencer une telle odyssée par ce premier épisode et de la regarder ainsi dans l’ordre chronologique de sa narration. La
dramaturgie imposée par le cinéaste-producteur nécessite effectivement de commencer par la première trilogie (c’est à dire les épisodes IV, V et VI), puisque ceux-ci commencent dans l’obscurité
(l’ignorance du spectateur, mais surtout des personnages eux-mêmes, qui ne savent pas encore qui ils sont !) et révèlent progressivement les éléments du passé qui seront développés dans la
seconde trilogie (épisode I, II et III). Ca vous paraît clair comme ça ?

« La menace fantôme », donc, arrivant plus de 15 ans après la fin de la première saga culte, qui avait fasciné petits et grands sur grands puis petits écrans, était chargée de lancer la seconde
saga, qui était en réalité un préquel de la première… Autant dire que Lucas était attendu au tournant, probablement plus par les fans que par les critiques d’ailleurs ! La pression était énorme
et le résultat fut… fatalement un peu décevant. Il faut dire qu’une trop longue attente avait donné des espoirs probablement plus fous que vraiment réalisables. Lucas avait souvent dit qu’il
attendait de posséder la technologie nécessaire avant de se lancer dans la suite (enfin plutôt le début…) de « Star wars ». Il a donc attendu et sa nouvelle technologie explose effectivement à
l’écran dans ce nouveau film, dont chaque plan semble fourmiller d’effets spéciaux brillamment réalisés. Le problème justement, c’est que contrairement à sa première saga où l’histoire savait
toujours s’imposer, on constate ici qu’elle se retrouve régulièrement noyée et ralentie par une débauches d’effets numériques et de batailles intergalactiques ! C’est très beau et très bien fait,
certes – on retiendra notamment la course de modules, très impressionnante –,mais le scénario pèche un peu, transformant alors « La menace fantôme » en simple « prélude »  à une nouvelle
séries de films plus qu’en œuvre autonome…

Mais quoi qu’il en soit, Lucas présente et contextualise à la perfection sa nouvelle trilogie. Il décrit avec force et panache la situation d’une République galactique à bout de souffle. Il faut
voir le sénat dont l’immensité n’a d’égal que l’extrême lenteur de son pouvoir décisionnaire… L’assemblée que découvre la pauvre reine Amidala, dont la planète subit l’embargo de la Fédération du
commerce de plus en plus puissante, n’est qu’une foule d’élus technocrates ou corrompus. Sans compter qu’elle se laisse trop naïvement influencer par les conseils du sénateur manipulateur et
machiavélique Palpatine, qui fera plus tard basculer la République et s’autoproclamera empereur, faisant sombrer la galaxie dans le côté obscur de la Force… Cette « Force » justement, abondamment
évoquée dans la première trilogie, nous est enfin un peu plus dévoilée, voire « révélée » dans cet épisode. Au retour de leur mission de pacification sur Naboo (qui est un lamentable échec), le
chevalier Jedi Qui-Gon Jinn et son padawan Obi-Wan Kenobi, accompagné de la reine Amidala, doivent malencontreusement faire escale sur Tatooine avant de pouvoir regagner le Sénat… et c’est
probablement la « Force », sorte de destinée, qui les a conduit sur cette planète sur laquelle la République n’a pas cours et où l’on trouve encore des esclaves… Ils y rencontrent d’ailleurs
Anakin Skywalker, un jeune esclave vivant avec sa mère, qui pourrait bien être « l’élu ». Et c’est là que la Force nous apparaît alors comme une forme de religion : la référence christique saute
tout de suite aux yeux, Anakin n’ayant pas de père selon sa mère et s’assimilant ainsi à une immaculée conception ! Cependant, l’aspect mystique de la Force est contrebalancé par son côté
scientifique, révélé essentiellement pas ce que les personnages appellent les « midi-chloriens ». Il s’agit en réalité de formes de vie microscopiques vivant en symbiose avec toutes les choses et
tous les êtres dans l’univers, maintenant en équilibre la Force. Le taux de midi-chloriens présents dans le sang d’Anakin est si élevé que l’on suppose alors que ce sont eux qui l’ont conçu et
qui seraient donc son père ! En d’autres termes, ces êtres invisibles à l’œil humain seraient l’équivalent de Dieu, à cette différence près qu’ici les personnages ont la certitude qu’ils existent
et qu’ils sont partout autour d’eux : Dieu est en toute chose et « Star wars » se révèlera bien plus passionnant et intense dans les épisodes suivants…

(A suivre…)



 



La Saga "Star Wars" selon Phil Siné































  • Plus










12 films « remarquables » en 2010


Alors que le Top Cinéma 2010 selon Phil Siné vous sera dévoilé le 31 décembre à 13h13, voici un modeste parcours sur 12 films qui ont su se faire « remarquer » en 2010… Entre les expérimentations formelles d’un Christophe Honoré et un film réalisé avec 150 euros, entre une grosse production de SF européenne incomprise et une toute petite production musicale fauchée réjouissante, entre un renard au poil plein de vie et une chèvre des montagnes carnivore, il y avait largement la place encore pour du Jacques Demy à l’africaine, une merveilleuse romance entre deux frères brésiliens, ou encore un délire pornogore complètement trash à la serpe Serbe (parce que Serbe, c’est bien ?) Et dire qu’il vous suffit de cliquer sur les affiches pour accéder à la critique du film correspondant…
est-ce que la vie n’est quand même pas super bien faite parfois ?



fantastic mr foxmr nobodyreine des pommes



jamais sans toipolicier adjectiffatal



un transport en communhomme au bain8th wonderland



donomasimon wernera serbian film































  • Plus










mercredi 27 janvier 2010

Star wars épisode 6 : Le retour du Jedi, de Richard Marquand (Etats-Unis, 1983)



star_wars_6_retour_jedi.jpg



 



Note :
star.gif



 



C’est avec ce « Retour du Jedi », le troisième film de la saga mais en réalité le sixième et dernier épisode, que George Lucas achève sa première trilogie et toute l’histoire de sa belle odyssée
spatiale par la même occasion… Il confie la réalisation à Richard Marquand, et ce n’est peut-être pas le choix le plus judicieux qu’il ai pu faire dans sa vie !

Dans ce chant du cygne, l’intrigue suit son cours, tous les personnages sont bien là et évoluent chacun à leur rythme, mais il convient de constater d’emblée que le souffle et la profondeur des
précédents épisodes a en partie disparu… La faute très probablement à une mise en scène un peu plan-plan et peu imaginative, et surtout à des longueurs presque choquantes lorsque l’on pense à la
perfection qui caractérisait la dramaturgie des autres films. En effet, « Le retour du Jedi » passe beaucoup de temps à présenter une multitude de personnages, tous hauts en couleurs certes, mais
pas forcément très intéressants quant au déroulé des évènements. Que ce soit au début du film sur Tatooine avec une foultitude de personnages qui gravitent autour de Jabba ou à la fin sur la lune
forestière d’Endor avec les fameux Ewoks, le réalisateur se perd un peu dans des images très illustratives et du coup assez pénibles, surtout lorsque l’on connaît déjà le film par cœur… Le film
perd ainsi en efficacité en regard des opus précédents, mais ce n’est pas tout ! Bizarrement, les décors semblent moins soignés et moins incroyables qu’auparavant : est-ce parce que l’effet de
surprise a disparu ? ou bien parce que toutes ces scènes en forêt nous semblent beaucoup trop semblables au bois où l’on part se balader en famille le dimanche après-midi ? Du coup, on se sent
peut-être trop proche de cet univers et la magie peine à fonctionner désormais…

Bon, il est clair que tout n’est pas à jeter dans cet épisode, qui garde globalement une très bonne tenue. On y retrouve bien l’univers de « Star wars » : ses intrigues, la lutte du bien et du
mal, les dilemmes shakespeariens qui hantent les individus, les vaisseaux spatiaux, les sabres lasers, les doutes, l’aventure et cet humour si particulier… On s’amuse et on frémit avec nos héros,
même si cette fois-ci, le voyage s’effectue en seconde classe… C’est juste un tout petit peu moins confortable, mais on arrive tout aussi bien à destination !

Pour l’anecdote, il est amusant de signaler que cet épisode VI est celui qui bénéficie du plus grand nombre de versions différentes : la version originale de 1983, la version « reliftée » de 1997
et une nouvelle version pour sa sortie en DVD, où l’on aperçoit notamment la réapparition fantomatique de Dark Vador sous les traits d’Anakin Skywalker / Hayden Christensen à la fin du film…
Etrange, mais après tout, pourquoi pas ?

Enfin, on ne pouvait décemment pas achever la chronique de cet ultime épisode sans évoquer la blague la plus connue de toute la galaxie : Qu'est-ce qu'une gousse d'ail jetée contre un mur et qui
revient ? C'est le retour du jet d'ail… (désolé)



 



Mise en perspective :



- Star wars épisode 1 : La menace fantôme, de George Lucas
(Etats-Unis, 1999)



- Star wars épisode 2 : L’attaque des clones, de George Lucas
(Etats-Unis, 2002)



- Star wars épisode 3 : La revanche des Sith, de George Lucas
(Etats-Unis, 2005)



- Star wars épisode 4 : Un nouvel espoir, de George Lucas
(Etats-Unis, 1977)



- Star wars épisode 5 : L’empire contre-attaque,
d’Irvin Kershner (Etats-Unis, 1980)



Toute la Saga "Star Wars" selon Phil Siné































  • Plus










Le faucon maltais, de John Huston (Etats-Unis, 1941)

faucon_maltais.jpg


Note :
star.gif

star.gif


Pour son tout premier film en tant que réalisateur, John Huston ne se contente pas seulement de débuter par un coup de maître, il invente surtout un cinéma d'un genre nouveau : le film noir. Tout
le style et les plus grandes figures de cette veine du cinéma policier explosent déjà à l'écran ici, faisant du "Faucon maltais" un film archétypique : plans expressionnistes, mise en scène tout en
jeux d'ombres et de lumières, caméra subjective lors d'une scène de meurtre (avec l'arme du crime au bout d'un bras à l'avant plan)... De part son atmosphère et son esthétique intensément noire, le
film de Huston a en réalité servi de matrice à un pan entier de l'histoire du cinéma de ces années là ! Si l'on ajoute à ça qu'il a permis aussi la révélation d'Humphrey Bogart, qui accédait pour
la première fois au rôle principal d'un long métrage (son personnage est d'ailleurs omniprésent d'un bout à l'autre de l'histoire), ça fait déjà beaucoup pour un seul film !

Mais comme si cela ne suffisait pas, le film se révèle tout à fait passionnant. Adapté d'un roman de l'écrivain américain Dashiell Hammett (bien des fois adapté par la suite...), "Le faucon
maltais" laisse défiler une histoire pleine de surprises. Construit tout en en tension, le film surprend par la richesse de ses rebondissements. La psychologie de ses personnages, tous aussi
sinistres les uns que les autres, arrivent également à nous fasciner... Le caractère cynique et glacé de Sam Spade, le détective qu'interprète Bogart, fait plutôt peur à voir : réagissant à peine
en apprenant la mort de son associé, il est d'une froideur absolue avec toutes les femmes qui pourtant se jettent à ses pieds... Et puis il reste aussi cette quête éperdue d'une statuette de faucon
soit disant d’une très grande valeur, symbole de la vénalité de tous, pour qui ne compte que l'argent, mais réflexion également sur la recherche du bonheur, bien souvent vaine dans un monde
désespérément noir. Lorsque l'objet tant convoité ne se révèlera finalement qu'un faux, une très belle envolée poétique viendra clore le film : « Qu’est-ce que c’est ? » demande un policier à la
vue de la statuette, et Spade de répondre « It’s the stuff that dreams are made of » (« c’est la matière dont les rêves sont faits… »)






























  • Plus










Le secret de la pyramide, de Barry Levinson (Etats-Unis, 1985)



secret_de_la_pyramide.jpg



 



Note :
star.gif



 



A la grande époque des productions Steven Spielberg / Frank Marshall (on venait alors de savourer les succès des « Gremlins » ou des « Goonies »), les génies de l’entertainment cinématographique
américain ont l’idée d’adapter les aventures de Sherlock Holmes pour les enfants, en imaginant justement une histoire qui raconterait la jeunesse et la première rencontre de John Watson et du
célèbre détective. Si Barry Levinson est aux commandes, on reconnaît la patte d’autres grands noms : Spielberg, bien sûr, avec ses divertissements entre enquêtes et aventures à la Indiana Jones,
mais aussi Chris Columbus, qui signe le scénario du long métrage, ou même John Lasseter (futur réalisateur de la saga « Toy Story ») qui propose ici rien de moins que le tout premier personnage animé en
images de synthèse du cinéma (un chevalier sorti du vitrail d’une Eglise) en tant que technicien des studios ILM… Tout ça pour dire que nombre de futurs talents se sont croisés sur ce tournage,
qui tombait en plein âge d’or de ce cinéma décomplexé et enfantin très typé « années 80 » et qui rendra encore nostalgique tous les trentenaires d’aujourd’hui…

Si le rythme du film n’est pas toujours soutenu, l’histoire suit son cours assez logiquement, même si certains rebondissements sont parfois un peu simplistes et grossiers… On s’attache assez
volontiers aux personnages, que l’on s’amuse de voir à l’école ou dont on est troublé par les premiers émois amoureux, qui s’avèreront au final pour le moins mélodramatiques ! On apprécie
également les nombreuses allusions et références aux véritables aventures de Sherlock Holmes imaginées par Sir Arthur Conan Doyle… Et malgré un aspect un brin vieilli du film, malgré des décors
qui révèlent souvent leur vérité de carton pâte (voir la scène de l’effondrement de la pyramide), certains effets spéciaux demeurent de bonne facture encore à notre époque. On sent le goût du
travail bien fait et la volonté de donner au public un vrai plaisir de cinéma, en le surprenant et en le faisant rêver… Un formidable divertissement de fêtes, à (re)voir en famille !































  • Plus










Gainsbourg (Vie héroïque), de Joann Sfar (France, 2010)

gainsbourg.jpg


Note :
star.gif

star.gif

star.gif


Considérant toute l’histoire de Serge Gainsbourg comme un mythe contemporain, c’est à dire forcément connue de tous, le bédéaste Joann Sfar se refuse d’emblée au biopic trop classique ou trop
explicatif, qui aurait consisté à raconter de façon linéaire et très illustrée la carrière du chanteur mêlée à sa vie privée et à ses nombreux coups d’éclats publics… A un tel déballage pour lequel
beaucoup aurait opté par facilité, il préfère pourtant une évocation de la figure « Gainsbourg », avec tout ce que cela peut avoir d’elliptique et de poétique… Et c’est tant mieux ! Comme il
l’écrit lui-même en exergue à la fin de son film, ce qui l’intéresse le plus chez Gainsbourg, ce ne sont pas ses vérités, mais bel et bien plutôt ses mensonges, c’est à dire au fond son œuvre… Et
quoi de mieux comme mensonges que de faire rattraper l’histoire du chanteur par une fiction des plus excitantes ? Sfar nous plonge d’emblée dans le faux, en s’affirmant comme conteur d’une part
(sous le titre du film qui apparaît à l’écran, on peut lire « un conte de Joann Sfar ») et en élaborant un récit en forme de conte dès le début du film d’autre part, sous la forme d’une petite
histoire inventée et racontée par Lucien Ginsburg enfant… Cette histoire, il s’agit de celle d’un homme dont la tête gonfle de plus en plus, provoquant les railleries des gens. Le personnage
préfère alors faire gonfler sa tête jusqu’à ce qu’elle explose et qu’elle le transforme en quelqu’un d’autre, véritable double de l’auteur, on y reviendra…

Ce qui surprend très vite dans « Gainsbourg : vie héroïque », c’est la maîtrise d’une mise en scène soignée et plein de subtilités, ce qui impressionne fatalement de la part d’un jeune cinéaste
dont c’est le premier film. Je serais tenté de dire que les bandes dessinées de Sfar ont souvent une perspective très cinématographique, ce qui justement expliquerait cela, bla bla bla… Bon, tout
n’est pas toujours réussi et pertinent, et le film n’est pas à l’abri de quelques menues longueurs, mais on sent une volonté d’essayer des choses, de rendre le récit fluide par le biais d’habiles
transitions ; on sent en somme la recherche d’un point de vue véritablement original… De l’audace et encore de l’audace, c’est ce qu’on aime dans ce premier film ! Même si l’on peut regretter une
certaine retenue, provoquée sans doute par une excessive timidité relative à un premier tournage, on observe tout de même bien une fougue et une folie assez pertinente dans la réalisation de ce
long métrage, qui réserve bien des surprises et des fantaisies réjouissantes à son spectateur, qui ne peut ressortir de là que combler, les yeux un peu humides et le sourire aux lèvres… Entre
certaines audaces formelles et autres délires visuels (un survol de nuit sur les toits de Paris, une scène d’incendie volontairement irréaliste et bouffonne…), Sfar laisse entrevoir toute une foule
de sentiments, de la nostalgie à la farce, de la mélancolie à la grâce, de la folie à l’amour fou… Il signe aussi un film d’une étrange « modernité datée », entre esprit « nouvelle vague » et film
d’animation poétique, peut-être ?

Bien plus que de la vie de Gainsbourg, le film parle avant tout de l’art, de l’acte créateur et du fait d’être un artiste… Et quelle meilleure figure que ce chanteur de génie pour le dire, auquel
Sfar semble d’ailleurs vouer un culte à la folie ? Le choix était idéal… et le résultat demeure assez puissant, à vrai dire ! Le film gomme quasiment toutes la vie médiatique et archi-connue du
personnage pour se concentrer purement et simplement sur ses préoccupations artistiques, de la peinture à la chanson, marquées et influencées par ses nombreuses conquêtes amoureuses : l’amour et
l’art, l’amour de l’art, l’art de l’amour… On retiendra surtout l’image d’un artiste toujours sur le fil, d’un Gainsbourg en constant déséquilibre, titubant, comme un soir au bord de la Seine avec
Jane, sur le point de tomber… et puis finalement pas. C’est une très belle image de l’entre-deux, où marche comme un funambule celui qui prend alors le risque de tomber. Comme tout génie créateur
prend sa source sur une faille immense, Sfar va chercher celle de Gainsbourg dans son enfance, dans le regard de cet enfant juif intérieurement révolté qui chante la marseillaise dans les rues
d’une France occupée… Une chanson qu’il reprendra bien plus tard, au sommet d’une carrière immense, devant un parterre de fans et de fascistes qui l’accusent de souiller un symbole national. « Je
suis un insoumis », dit-il en reprenant la chanson et en lui redonnant effectivement « son sens initial », l’achevant par provocation sur un bras d’honneur… La scène est curieusement dédoublée pour
laisser chanter le petit garçon à la place de l’adulte, instant intense, presque magique, dans un film déjà plein de grâce. Et à propos de dédoublement justement, le cinéaste en herbe a la
brillante idée de donner à son personnage un double sous les traits d’un étrange homme-marionnette, qui s’invite dans nombre de séquences du film. Un couple de deux Gainsbourg s’affrontent alors à
l’écran, le talentueux artiste introverti se laissant bien trop souvent entraîner (et dévorer ?) par cet étrange monstre avide de gloire, basé sur de la provocation un peu facile… De Gainsbourg à
Gainsbarre, Sfar file la métaphore. Tout cela est plutôt astucieux et malin, et fait accéder haut la main Joann Sfar au rang de cinéaste, dont on attend désormais les prochains travaux avec
impatience ! Le générique animé de son film, rappelant le trait naïf et poétique de ses BDs, et l’apparition merveilleuse du chat de Juliette Greco, nous rappelle d’ailleurs que l’adaptation de son
œuvre jusque-là la plus fameuse (« Le chat du rabbin ») en film d’animation est actuellement en cours… Chic !

PS : Souvent remarqué dans des seconds rôles (récemment dans « Le père de
mes enfants
»), Eric Elmosnino est extraordinaire en Gainsbourg ! Pour le reste du casting, si Laetitia Casta incarne une Bardot idéale et fringante, on n’en dira pas forcément autant de
l’interprète de Birkin, plus effacée…






























  • Plus










mardi 26 janvier 2010

Dar l’invincible, de Don Coscarelli (Etats-Unis, 1982)

dar_invincible.jpg


Note :
star.gif


Entre plusieurs « Phantasm », on ne le sait pas forcément toujours, mais Don Coscarelli a réalisé aussi d’autres films ! Par exemple, entre les épisodes 1 et 2 de sa légendaire saga horrifique
(injustement l’une des moins cotées et pourtant l’une des plus extraordinaires !), il a signé le magistral « Dar l’invincible », un film un peu « cheap » mais bien sympathique d’« heroic fantasy »,
dans la lignée de « Conan le barbare », sorti d’ailleurs la même année dans les salles…Au générique de ce chef-d’œuvre du nanar, il faut remarquer la présence notable de l’acteur Marc Singer, qui
avait ainsi commencé sa carrière par de la série B, avant de s’engager dans la série « V » (ha ha !), dans laquelle il jouera Donovan deux ans plus tard pour la télévision…

« Dar l’invincible », c’est bien sûr l’histoire de Dar, le fils du roi Jed, qui est marqué à la naissance par le sceau des Dieux d’Ar et échappe de justesse à un sacrifice par le feu. Il grandira
caché dans un petit village de paysans, mais le jour où les méchants Juns viendront tout massacrer, il partira se venger, grrrr ! Doté d’un grand pouvoir lui permettant de communiquer avec les
animaux, il se fera plein d’amis sur le chemin : une panthère noire, un aigle qui sera ses yeux ou encore les inoubliables et malicieux Kodo et Podo, deux furets qui sauveront Dar de sables
mouvants (en rongeant une grosse branche avec leurs petites quenottes) dans une séquence très émouvante… Il croisera également la route de Kiri (kikiki !), une belle esclave batifolant seins nus
dans un point d’eau, que Dar draguera à mort !

Tout le film est une accumulation de séquences kitsch et complètement fauchées dans des décors de carton pâte : en gros, on se marre de bout en bout ! C’est mal joué, les dialogues sont hyper
appuyés et du coup super poilants, les effets spéciaux sont ENAURMES… Il faut absolument se précipiter sur ce « Dar » (héhé), parce que vous y verrez notamment, entre une foule d’autres délires
cultes : Marc Singer torse nu et tout fier maniant une grosse épée de façon ridicule au sommet d’une montagne, le même courant de façon tout aussi ridicule avec sa panthère et tous ses amis
animaliers, une bague qui en fait est un œil (!), des enfants qui crient avant d’être jetés au feu (à mourir de rire !), des corps de femmes superbes surmontées de vieilles têtes affreuses, Marc
Singer (encore !) qui pousse des cris d’aigle pour appeler son ami rapace… et tout cela n’est rien, encore, lorsque vous constaterez de vous-mêmes toute l’étendue de la richesse nanardisante de «
Dar l’invincible », un bon gros navet comme on aime et qu’il est trop bon de le voir et même le revoir, voir revoir et rerevoir ! Et dire que deux suites ont même été tournées, j’en jubile à
l’avance !






























  • Plus