jeudi 8 novembre 2012

[Critique] Frankenweenie, de Tim Burton



frankenweenie.jpg
(Etats-Unis, 2012)



Sortie le 31 octobre 2012




star.gif

star.gif


Faisant fi des technologies numériques modernes et ostentatoires qui sont malheureusement devenues la « norme » dans le cinéma d’animation contemporain, Tim Burton préfère opter pour le charme
vintage d’une animation en stop motion, où des marionnettes évoluent image par image dans des décors en papier mâché… et quel bonheur de constater que ce style lui va fichtrement bien, à ce Tim
Burton ressuscité, celui-là même que l’on croyait perdu à jamais après un « Alice au pays des merveilles » d’une laideur abominable et un «
Dark Shadows » tout juste passable…

Il faut dire que son retour dans l’écurie Disney pour ses deux précédents films l’avait visiblement bien bridé le Tim, pour ne pas dire qu’il s’était laissé corrompre et embrigadé par la
mièvrerie édulcorée de la mickeyification des masses ! En reprenant ici le synopsis d’un court-métrage du même nom qu’il avait justement réalisé pour l’empire Disney (contre-attaque ?) en 1984 et
qui fut bien vite mis dans des cartons par ses patrons parce que le style sombre et gothique les inquiétait, le cinéaste prend en quelque sorte enfin sa revanche… « Frankenweenie » renoue avec
ses meilleurs films, qui sont aussi les plus personnels : ceux dans lesquels il laisse libre court à son univers noir et macabre, mêlant l’humour avec ses cauchemars !

On pourra justement trouver que cette version longue de « Frankenweenie » ressemble trop au Tim Burton d’avant, au réalisateur (et/ou scénariste) de « Beetlejuice », d’« Edward aux mains d’argent
», et bien sûr de films d’animation usant de la même technique : « L’étrange Noël de monsieur Jack » et « Les noces funèbres »… un peu comme si son style n’avait au fond jamais vraiment évolué.
Certains, médisants, diront même que l’ironie n’est plus aussi caustique qu’avant, que l’humour est moins noir et que Disney conserve finalement l’avantage… Mais au fond qu’importe ! Le spectacle
offert par « Frankenweenie 2012 » est un tel miracle que l’on ne fait pas la fine bouche pour le savourer… Cette histoire d’un petit garçon jouant les apprentis Frankenstein pour ressusciter son
seul et meilleur ami canin mêle tellement d’émotions que cela suffit pour nous ravir. Du rire aux larmes, Tim Burton nous emporte avec lui dans son merveilleux monde en noir et blanc, tantôt
cruel et tantôt sensible, toujours intensément généreux et empli de réconfort pour toutes les âmes solitaires… Peu importe si on se laisse un peu avoir par la moue irrésistible du chien Sparky, «
Frankenweenie » nous transmet plein d’espoir et la conviction que Tim Burton reste capable d’accomplir de grandes et belles choses !



Autres films de Tim Burton :



Alice au pays des merveilles 3D (2010)



Dark Shadows (2012)































  • Plus










mercredi 7 novembre 2012

[Critique] Looper, de Rian Johnson



looper.jpg
(Chine, Etats-Unis, 2012)



Sortie le 31 octobre 2012




star.gif

star.gif


Loin d’être loupé, « Looper » est plutôt le film de science-fiction à ne pas louper en ce moment ! A travers une intrigue emberlificotée à base de voyages dans le temps, mêlant le polar au
fantastique, le film de Rian Johnson réussit surtout l’exploit de réconcilier dans un même film la série B efficace avec la réflexion métaphysique un peu plus fine…

Surprenant scénario, tout d’abord, que celui de double futur qui s’offre à nous : car si le présent où se passe l’action du film est déjà le futur pour nous (celui de 2040), il se réfère
néanmoins à un autre demain, celui où les voyages dans le temps auront été rendu possible et d’où une mafia envoie les hommes dont elle veut se débarrasser. Ceux-ci sont éliminés par des tueurs
des temps présents (c’est à dire futurs, vous suivez ?), dont notre « héros », qui va bientôt être confronté à son double futur, qu’il est donc censé tuer… Il y a d’ailleurs un joli travail sur
la notion de « héros » dans « Looper », tant il est curieux – et diablement ambigu – de s’attacher à des personnages qui ne sont autres que des tueurs… Mais des tueurs qui sont avant tout des
êtres humains complexes, qui s’interrogent sur leurs propres actes, rendant justement l’intrigue si passionnante et philosophique !

L’aspect SF demeure en outre souvent discret dans le film, comme si les enjeux pour les personnages devenaient progressivement plus importants que toute débauche d’effets spéciaux
techno-futuristes superflus. Il est ainsi assez habile de la part du cinéaste d’avoir gommé une vision trop ostentatoire du futur, offrant notamment une année 2040 qui ressemble à quelques
détails près à notre époque : seul une petite parenthèse sur la télékinésie ou quelques véhicules plus modernes sont introduits, histoire d’amuser un peu la galerie… Outre la notion presque
obligée de paradoxes temporels et une vision assez brève et presque « vintage » de la machine à remonter le temps, « Looper » se concentre ainsi sur l’évolution du héros coupé en deux, entre son
lui présent et son lui futur, autant dire entre deux personnalités qui ont bien du mal à s’entendre…

Si l’économie toute relative d’effets spéciaux permet de resserrer l’attention du spectateur sur l’intrigue, elle révèle en outre avec une force plus grande encore les scènes fantastiques qui
ponctuent l’action : très impressionnante scène, par exemple, où un homme du futur voit son corps disparaître par amputations progressives au fur et à mesure que les mafieux s’acharnent sur son
double du présent ; splendides et surprenantes fulgurances graphiques lors de la manifestation du pouvoir véritable d’un enfant, qui deviendra l’homme à abattre d’un futur visiblement très
noir…

Côté acteur, belle performance – encore – de Joseph Gordon-Levitt, bien que curieusement maquillé au point de devenir presque laid (était-ce bien nécessaire, soit disant pour que son personnage
ressemble à son double futur ?) : il est en tout cas parfait pour offrir au personnage une véritable profondeur, notamment à travers son débat avec son autre lui… Doit-il tout faire pour sauver
une vie qu’il n’a pas encore vécu ? Quant à Bruce Willis, il prend visiblement plaisir à refaire du Bruce Willis bien bourrin et expéditif, tout en jouant sur certains détails troublants, comme
lorsqu’on le voit tuer froidement des enfants… Décidément, les « héros » d’aujourd’hui ne sont plus du tout ceux de l’entertainment d’il y a une ou deux décennies !



Perspectives :



- Time out, d’Andrew Niccol



- Retour vers le futur, de Robert Zemeckis































  • Plus










mardi 6 novembre 2012

[P.S. # 06] L’étrange créature du lac noir en 3D / Tango libre


Parce qu’il n’y a pas que l’« Amour » dans la vie ou au cinéma et parce que, non, Phil Siné
n’a pas loupé « Looper » mais qu’il vous en parle au contraire très bientôt (parce que c’est un film super choouette !), il était essentiel (ou pas en fait…) de vous parler aussi d’autres films
qui sortent, mais sur lesquels on n’a pas forcément le temps (ni l’envie ?) de s’étaler plus que ça… C’est donc la rubrique « P.S. », comme les « Post Scriptum de Phil Siné », dirons-nous pour
faire simple… et rien à voir, du coup, avec « Patrick Sabatier » (R.I.P ?), et encore moins avec Jean-Pierre Foucault, m’enfin ?!


etrange_creature_lac_noir_bis.jpg
L’étrange créature du lac noir, de Jack Arnold (en 3D)

(Etats-Unis, 1954)
Sortie le 7 novembre 2012




star.gif



Quelle bonne idée de la part de Carlotta de ressortir en salles le film d’horreur préféré de Lady Gaga (d’après
la fiche Wikipédia du long métrage
) dans une 3D modernisée… Après avoir été le « premier film en 3D sous-marine » de l’histoire du cinéma, voilà que « L’étrange créature du lac noir » revient
toutes écailles dehors nous terrifier en relief, mais cette fois sans les lunettes vintage bicolores que les spectateurs devaient porter dans les années 50. Enfin, « terrifier » est un bien grand
mot, tant on regarde le film pour son charme suranné plutôt que pour son efficacité horrifique… Si cette conversion stéréoscopique du film est plutôt réussie, les sous-titres français,
étrangement dédoublés, me donnaient néanmoins l’impression de loucher pendant toute la projection : mais peut-être était-ce un problème spécifique à la séance à laquelle j’ai pu assister, que les
anglophones n’auront en outre nul besoin de supporter ? Retrouvez
en tout cas l’avis de Phil Siné sur le film en suivant ce petit lien



tango_libre.jpg
Tango Libre, de Frédéric
Fonteyne

(France, Belgique, 2012)
Sortie le 28 novembre 2012




attention.gif

star.gif



« Tango Libre » est un bien étrange film, pas complètement bien mais loin d’être complètement nul non plus… Son histoire oscille entre comédie et tragédie et réussit à trouver un ton propre, même
si le scénario ne se révèle pas toujours convainquant. On flotte dans une curieuse histoire d’amour, avec une femme partagée entre deux - puis peut-être trois - hommes, allant d’un cours de tango
aux couloirs de la prison… Si le tout est parfois hésitant, voire un peu lassant, les acteurs sont tous très bien, de François Damiens à Sergi Lopez, en passant par Anne Paulicevich.

P.S. : Belle initiative de quelques camarades ciné-blogueurs qui se lancent dans un sympathique projet de web-émission sur le cinéma ! N’hésitez donc plus une seconde à vous connecter sur www.apreslaseance.net pour y découvrir le tout premier numéro de ce programme plutôt frais et bien mené par une belle brochette de gentils «
cinéfous »…































  • Plus










lundi 5 novembre 2012

[Sortie DVD] 2 Days in New York, de Julie Delpy



2_days_in_new_york.jpg
(France, Allemagne, Belgique, 2011)



Disponible en DVD et Blu-Ray depuis le 5 septembre 2012 chez France Télévisions Distribution




star.gif

star.gif


Après « 2 Days in Paris », Julie Delpy reprend la plupart de ses personnages haut en couleurs pour leur faire passer cette fois-ci « 2 Days in New York », suite vraiment réussie de la délirante
comédie précitée… Les choses ont un peu changé depuis quelques années pour Marion : elle a un enfant, un nouveau petit copain prénommé Mingus (Chris Rock), sa mère est morte et son chat Jean-Luc,
qui se sent peut-être délaissé, vomit ses boules de poils, ralentissant par là même la vie sexuelle du couple… A l’occasion du vernissage de sa nouvelle exposition de photos, Marion accueille
chez elle son père, sa sœur et le boulet que cette dernière a ramené avec elle, qui est aussi l’ex de Marion… ce qui provoquera d’ailleurs une réplique des plus couillue du film, du genre : «
c’est vrai que tu as toujours besoin pour ta chatte d’une bite qui a déjà traîné dans celle de ta sœur ! »

Voilà, le ton est donné : on parle très cru dans « 2 Days in New York », mais surtout on parle très « vrai », avec un mode comico-réaliste absolument savoureux, quelque part entre crises
d’hystérie désopilantes et humour beaucoup plus tendre… Partant toujours de situations de la « vraie vie », Julie Delpy parvient à faire vivre un esprit joliment équilibré, tenant tout autant de
l’ironie, de l’absurde ou du burlesque… On rit beaucoup dans ce deuxième volet des aventures sentimentalo-familiales de Marion, probablement presque autant que dans le premier, surtout lors de
moments paroxystiques dans le délire « delpyen » : une scène où les personnages décident de mesurer le zizi de l’enfant de Marion, une autre dans laquelle Vincent Gallo en personne « avale »
l’âme de Marion (celle-ci l’ayant vendu lors de son expo, par pur dessein « conceptuel »…), plusieurs séquences encore où l’anglais et le français s’emmêlent et donnent des dialogues de non-sens
et de quiproquos hilarants !

Au fil de cette nouvelle tranche de vie, on prend plaisir à retrouver ici et là des souvenirs du premier film, à travers le personnage du père aux comportements souvent décalés par exemple (vas-y
que je te raye une limousine l’air de rien, vas-y que j’essaie de passer la douane avec des tonnes de saucissons planqués sur moi…), celui de la sœur complètement nympho ou même la brève
apparition de Daniel Brühl, l’ancien taré du McDo parisien, que l’on retrouve ici au journal télévisé prêt à prendre son envol depuis le sommet d’un arbre… Il faut dire que si ça fonctionne,
c’est que la réalisatrice parvient à appliquer une nouvelle fois une formule gagnante : une mise en scène alerte et rythmée (elle expédie par exemple efficacement et en moins d’une minute la
visite touristique de New York) et des lignes de dialogues qui font toujours mouche, drainant un maximum d’idées malines, issues de la vie quotidienne, de l’actualité, de la politique… en un mot
de la vie elle-même, dont le film tout entier semble une jolie simulation, en forme de réjouissante bouffée d’oxygène !



Bonus DVD : Une rencontre avec Julie Delpy (44 min.)



Découvrez aussi plein d'autres films sur Cinetrafic dans la catégorie films romantiques ainsi que la catégorie film
d'€™amour
.































  • Plus










dimanche 4 novembre 2012

[Critique] Calme blanc, de Phillip Noyce



calme_blanc.jpg
(Etats-Unis, Australie,
1989)



Le Jour du Saigneur # 90




star.gif


Certes, « Calme blanc » n’est pas ce qu’on pourrait appeler un film « subtil ». Il appartient aux années 80 (finissantes…), plus réputées pour chercher l’efficacité que la subtilité… Le film nous
propose de nombreuses séquences bien poussives, comme ce finale extrême voyant le psychopathe réapparaître à la plus grande surprise du spectateur à la façon des dénouements des films d’horreur
depuis ces années-là, justement… Mais l’introduction du film n’est guère plus fine, avec notamment l’une des morts d’enfant les plus jouissives du cinéma, lorsque le petit garçon qui a défait sa
ceinture à l’arrière de la voiture passe à travers le pare-brise avec la grâce d’un parpaing au cours d’un freinage un peu violent !

Si le jeu un peu outré de Nicole Kidman et l’héroïsme forcené de Sam Neill n’arrange pas forcément les choses, le film demeure pourtant largement jour du saigneurappréciable, et pas seulement à cause de cet apparat de série B qu’il revêt apparemment bien involontairement… En effet, « Calme blanc » propose un
concept diaboliquement efficace, celui d’un huis-clos au beau milieu de l’océan avec seulement trois personnages : un couple tranquille venu décompresser sur son voilier après la mort
accidentelle de leur fils et un psychopathe qui va les rejoindre soudainement dans sa petite barque, prétendant être le seul survivant d’un bateau en train de couler… La tension psychologique se
révèle progressivement, jusqu’à ce qu’on arrive à de belles scènes d’affrontements excessives entre les personnages, qui font tout ce qu’ils peuvent pour sauver leur pomme… l’instinct de survie,
tout ça : n’empêche que c’est rudement bien fichu et qu’on ne voit pas le temps passer tellement c’est cool… bon, en même temps, le film fait moins d’une heure trente, alors encore heureux !

Mais l’intérêt majeur de ce film de Phillip Noyce s’appelle peut-être pour moi « Billy Zane » ! En ce temps-là, l’acteur était encore bien jeune et foutrement appétissant et démarrait alors une
carrière prometteuse… qui le fut certes nettement moins les années passant ! Avec ce film, il se révéla probablement l’un des plus grands fantasmes de mon adolescence : combien de nuits moites
pour l’avoir ainsi vu parcourir le bateau de ce « Calme blanc » presque tout nu et dégoulinant de sueur ? Il incarnait déjà toute ma passion pour les mauvais garçons et les psychopathes juvéniles
! Nous n’irons guère plus loin dans la description de mes pulsions adolescentes (faut pas déconner), mais que de regrets éternels à ce que Billy n’ait pu avoir une carrière un peu plus excitante
au temps où il était si… frais et sexy !































  • Plus










samedi 3 novembre 2012

[Sortie DVD] Les enfants de Belle Ville, d’Asghar Farhadi



enfants de belle ville bis
(Iran,
2004)



Disponible en DVD le 20 novembre 2012 chez Memento Films




star.gif

star.gif



Le succès surprise d’« Une séparation » l’année dernière aura permis de
révéler le cinéaste Asghar Farhadi au grand public. Après les ressorties récentes de ses films précédents (« La fête du feu » et « A propos d’Elly »), sa filmographie continue
d’être redécouverte aujourd’hui à travers « Les enfants de Belle Ville », son second film datant de 2004… Une nouvelle occasion de confirmer le talent du réalisateur iranien et de
comprendre aisément sa consécration tardive…



Le film commence assez étrangement dans un centre de rééducation pour mineurs : on célèbre l’anniversaire d’Akbar, qui vient d’avoir 18 ans, mais celui-ci ne semble guère enchanté par les
festivités… Il se précipite même se cacher pour pleurer. On comprendra vite son désarroi lorsque l’on vient le chercher pour le transférer en prison, car il est condamné à mort pour avoir tué la
jeune fille qu’il aimait : ce devait être un suicide romantique à deux, pour fuir une société trop étriquée, mais il a survécu, seul… et maintenant, il ne veut plus mourir !



Il lui reste encore peut-être une chance, et c’est son meilleur ami Ala qui va la tenter pour lui : après avoir fait des pieds et des mains pour sortir plus tôt que prévu du centre de
rééducation où il est lui aussi détenu pour vol, il va alors tout faire pour obtenir la grâce du père de la victime, seul moyen d’éviter la mort du jeune homme. Pour cela, Ala va trouver de
l’aide auprès de la belle Firoozeh, la sœur d’Akbar, de laquelle il va se rapprocher dangereusement dans une société religieuse, puisque celle-ci est mariée…



Le poids de la religion, celui d’une société très policée, Asghar Farhadi les filme déjà avec une grande habileté et un désespoir tout en retenu dans le regard de ses personnages, tous très
travaillés et incroyablement intenses ! Les lois absurdes érigées par les autorités iraniennes donnent des frissons, comme cette fameuse « loi du sang », qui oblige le père de la
jeune fille décédée à payer pour la mise à mort d’Akbar, car le prix pour la mort d’un garçon est deux fois plus élevé que celui de la mort d’une fille…



La jeunesse filmée par le cinéaste est encore une fois prisonnière de cette société qu’elle rejette… Ils sont beaux, mais ils sont tristes, ces « Enfants de Belle Ville » que nous
décrit le long métrage. On est impressionné par la grâce et la profondeur des interprètes, qui parviennent à tout nous dire en un seul geste ou en un seul regard, en particulier par les rôles
d’Ala et Firoozeh, incarnés par Babak Ansari et Taraneh Alidousti… On admire enfin la façon subtile qu’a Farhadi de nous dire que Dieu est bien plus du côté de la jeunesse qu’il décrit que des
autorités iraniennes qui prétendent agir en son nom : les prénoms d’Ala et Akbar mis côte à côte ne laissent-ils pas entendre en effet « Allah Akbar », formule arabe très célèbre
pour louer la grandeur de Dieu ?



Bonus DVD :



- Naissance d'un cinéaste (interview avec le réalisateur)



- Filmographie



- Revue de presse



- Bandes annonces































  • Plus










jeudi 1 novembre 2012

[Critique] Le noir (te) vous va si bien, de Jacques Bral



le_noir_te_vous_va_si_bien.jpg
(France, 2012)



Sortie le 5 décembre 2012




star.gif


Sous ce titre bien mystérieux et intrigant, « Le noir (te) vous va si bien » évoque un sujet fort et électrochoc, en particulier dans la société française… L’histoire est en effet celle d’une
famille orientale émigrée partagée entre le respect des traditions de sa culture et de sa religion et l’intégration dans une société occidentale aux mœurs plus libérées… Moncef, le patriarche,
est ainsi fier de sa fille Cobra, qui selon lui se comporte bien, selon les règles de vie qu’il lui a transmise… Sauf que sous le voile, Cobra se permet quelques entorses lorsqu’elle n’est plus
sous le regard de ses parents : comme de s’habiller un peu plus légèrement, tête nue, avant de se rendre au travail, en passant dans un café qui lui sert de lieu de transition entre deux mondes,
entre lesquels elle ne se résous pas à choisir…

Le propos est passionnant, riche, et son traitement propose ici une exploitation plutôt intéressante, mettant clairement en évidence les paradoxes et les difficultés de l’intégration des
populations étrangères déracinées… Difficile, à partir de là, de critiquer le film sur sa forme, tant le fond est finalement posé de façon légitime…

Pourtant, « Le noir (te) vous va si bien » n’est pas exempt de défauts, loin s’en faut ! Quelques maladresses émaillent un scénario un peu trop appuyé et démonstratif par moments (surtout le
dénouement, évidemment !), sans compter que l’interprétation de certains seconds rôles, comme ceux des parents ou du frère, n’est pas toujours fameuse… Si le rôle principal de Cobra, tenu par la
jeune actrice Sofiia Manousha, est juste correct, on est heureux de pouvoir se rattraper sur d’autres acteurs, comme Grégoire Leprince-Ringuet, toujours aussi attachant et pour le coup en mode de
louisgarrelisation assez étonnant (un jeu parfois taquin et spontané, très « nouvelle vague » à la Jean-Pierre Léaud notamment…)

Mais au fond, on passe aisément sur les quelques accrocs du film pour se laisser prendre par les rapports entre les différents personnages et les questions qu’ils se posent constamment… Avec
parfois une touche d’humour bienvenue dans un long métrage globalement plutôt sombre – comme son titre –, on s’interroge nous-mêmes sur le sort d’une certaine jeunesse, de tous ces enfants
d’immigrés, partagés entre la culture de leurs parents et celle de la société dans laquelle ils vivent… nager en plein paradoxes et vivre potentiellement dans une permanente schizophrénie !































  • Plus