dimanche 21 novembre 2010

Mega Piranha, d’Eric Forsberg (Etats-Unis, 2010)


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Note :
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Avis aux amateurs de gros nanars bien pourraves, « Mega Piranha » a été fait pour vous ! « Fait pour vous » au sens littéral du terme d’ailleurs : le film a été pensé, produit et réalisé pour
devenir un navet décérébré tout pourri, lorgnant sans cesse un peu plus vers la série Z et au-delà… Fauché jusqu’à l’arrête (de piranha, donc) et écrit avec les pieds (ou peut-être les nageoires,
qui sait ?), « Mega Piranha » vient trouver une place de choix au beau milieu des multiples productions du studio américain « The Asylum », spécialisé dans les sous-sous-productions, à qui l’on
doit notamment des chefs-d’œuvre du n’importe nawak, tel « Mega Shark vs Giant Octopus», « Titanic 2 » ou « Moby Dick 2010 » pour le plus récent ! Bien sûr, le principe du nanar volontaire recèle
mois de spontanéité et de fraîcheur qu’une daube malgré elle, mais il n’en devient finalement que plus drôle encore, puisque tout y est appuyé jusqu’à l’éclate totale !

Jugez plutôt : surfant sur le revival du piranha mangeur d’homme, remis au goût du
jour avec le récent remake en 3D d’Aja
, « Mega Piranha » n’hésite pas à enfoncer le clou et à aller toujours plus loin dans l’« énormissime », puisque les poissons sont ici géants ! (Eh oui,
le « Mega » du titre n’a rien d’une imposture…) Ce n’est donc pas du piranha de pédé pour aquariophiles que l’on vous sert ici, mais bel et bien du piranha démesuré, capable de s’enfiler un
humain en une bouchée, voire même un destroyer ou un sous-marin nucléaire qui passait par là, tant qu’à faire… Le principe du film est d’ailleurs imparable : au fil du récit, les piranhas
deviennent de plus en plus mégas, à l’image même du long métrage, qui devient lui aussi de plus en plus gros et gras, ne reculant devant aucun ridicule, ni aucune connerie grosse comme un « Mega
Piranha » ! Si vous aimez les répliques qui tâchent, les acteurs médiocres, les accumulations monstrueuses de clichés éculés du film catastrophe, et même pourquoi pas les bimbos stupides à gros
nichons (formidable séquence d’ouverture !), vous allez être servi… La fin sur fond de coucher de soleil et de romance improbable entre le « musclor » du film (aka Paul Logan !) et la
scientifique (appelez-la juste « Tiffany »), est encore à hurler de rire, malgré tous les fous rires qui auront déjà pu précéder !

Côté intrigue (parce qu’il y en a une, en plus !), si le film démarre sur un vague sous-texte politique, laissant présager un conflit entre les Etats-Unis et le Venezuela, on sent que tout se
resserre par la suite sur un fond écologique des plus ambigu… Si les piranhas sont « mégas » et grossissent d’heure en heure, c’est forcément à cause d’une expérience scientifique qui a mal
tournée… Sauf que cette expérience avait à la base une vocation environnementaliste, pour sauvegarder l’écosystème ! Il ne faut probablement pas surinterpréter un film pareil, mais quand on
entend la pseudo écolo scientifique vanter la puissance des mégatonnes nucléaires en pleine mer pour éliminer les poissons carnassiers, on manque quand même de s’étrangler… Allez, on s’en fout,
et on profite avant tout du spectacle ! Ouch, le héros qui envoie valdinguer la poiscaille à bons coups de pieds dans la gueule… Aah, les incrustations d’images de piranhas dans les plans qu’on
dirait commises par un enfant de 2 ans… Ooh, les piranhas volants qui attaquent les terres et se mettent à dévorer des immeubles… C’est juste complètement délirant et carrément bandant !



megapiranha.jpgMise en perspective :



- Piranha 3D, d’Alexandre Aja (Etats-Unis, 2010)































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samedi 20 novembre 2010

My Joy (Mon bonheur), de Sergey Loznitsa (Russie, Ukraine, Allemagne, 2010)



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Bon, c’est vrai, contrairement à son titre optimiste, « My Joy » n’est pas un film très joyeux… On y suit l’odyssée tragique de Georgy, un pauvre gars, au départ plutôt bon bougre, qui finira
pourtant par passer du côté obscur de l’humanité, vaincu par la noirceur du monde qui l’entoure et surtout l’enserre ou l’étouffe, devrait-on dire. Au début du long métrage, Georgy est un routier
sans histoire et plutôt conciliant, étant même prêt à aider son prochain malgré l’ingratitude de tous ceux qu’il rencontre sur sa route : il ne bronche pas devant la bêtise de deux agents de
police cruels qui veulent se faire mousser (pathétique et arbitraire vengeance des « sans grade » dans un système qui les écrasent), il essaie d’aider une (trop) jeune prostituée qui finit par
l’envoyer balader, et il se fait frapper et dépouiller par ceux à qui il propose de partager un repas… Noir c’est noir, et le cinéaste semble constamment asséner au spectateur qu’il n’y a
vraiment plus d’espoir : quand on croit que la situation ne peut pas être pire, le récit nous prouve qu’en fait si, tout peut être toujours pire ! Dans la seconde partie du film, Georgy est
devenu un quasi clochard mal rasé et visiblement fou, incapable de parler peut-être à cause du coup qu’il a reçu sur la tête… La fin du film l’amènera à commettre un acte de violence atroce et
gratuite, le faisant ainsi définitivement rejoindre les ténèbres que l’on croyait l’apanage des autres personnages : le dernier plan, le laissant marcher sur la route et doucement s’enfoncer dans
l’obscurité, est tout bonnement sublime !

A plusieurs reprises, le film nous fait perdre de vue son personnage principal, pour mieux nous entraîner dans un enchevêtrement de récits et de personnages des plus fascinants. « My Joy » trouve
là sa force et son identité propre, à travers cette écriture formelle à la fois déstabilisante et audacieuse… Sans compter que les récits dans lesquels le cinéaste nous embarquent décrivent avec
une vigueur sans concession un monde à l’agonie : ce monde de l’Est, éternellement pauvre et dépossédé, corrompu et violent, où l’on ne cesse de donner ou de recevoir des coups, gagné
inéluctablement par un égoïsme et un cynisme qui enveloppe et détruit tout sur son passage, n’est d’ailleurs peut-être que le symbole du monde des hommes dans sa globalité. Il ne semble plus y
avoir la moindre échappatoire à cette description pleine de fatalité et de désespérance de l’humanité, si ce n’est la mort, à laquelle il convient encore de penser avant même de mourir, en
achetant par exemple son cercueil de son vivant, pour qu’il soit au plus bas prix ou avant que celui qui peut le fabriquer ne meurt lui-même… La tonalité âpre et glaçante du film pourra en
refroidir plus d’un, mais « My Joy » demeure admirable dans ce style unique et envoûtant qu’il parvient à mettre en œuvre sous nos yeux incrédules : un mélange de beauté crasse et de grâce
corrompue !































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vendredi 19 novembre 2010

Génération 90 (Reality bites), de Ben Stiller (Etats-Unis, 1995)



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Premier film réalisé par Ben Stiller, « Generation 90 » est un peu à l’image de cette jeunesse perdue que son titre français désigne : un peu vain et vide de sens… Avouons en effet que le
scénario du film ne brille pas par la richesse et l’intérêt de son contenu. On pourrait résumer l’histoire à un vague triangle amoureux : une pauvre fille qui a du mal à se réaliser dans son
travail hésite entre un beau garçon sexy mais glandeur et peu attentif et un jeune homme actif et responsable, garant de sérieux et de stabilité… Bien sûr, il y a aussi l’arrière fond politique
et sociologique, entre la difficulté de trouver un emploi et les errances amoureuses, compliquées par le SIDA ou le manque d’engagement… Mais tout ça n’est qu’effleuré et le cinéaste s’attarde
plutôt dans la forme de son long métrage, plutôt rafraîchissante et dynamique, il faut le reconnaître. Des séquences régulières en vidéo donnent par exemple un côté « documentaire à la MTV », qui
garantit le côté « jeune et moderne » du film ! « Génération 90 » s’avère ainsi une belle plongée nostalgique et légère au cœur de la dernière décennie du 20e siècle, certes inoffensive mais
plutôt plaisante, dont le principal intérêt demeure sans doute le plaisir de revoir une belle brochette de jeunes premiers alors débutants : Winona Ryder, Ethan Hawke et Ben Stiller…































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Rubber, de Quentin Dupieux (France, 2010)



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Sauve qui pneu !



 



Pourquoi une automobile noire renverse méthodiquement un « troupeau » de chaises une à une en plein désert au tout début du film ? « No reason »… Pourquoi un type en sort du coffre et renverse le
verre d’eau qu’il tient à la main et que l’on pensait qu’il boirait ? « No reason »… Pourquoi a-t-on fait venir là des « spectateurs » pour suivre à distance, avec des jumelles, une étonnante
fiction ? « No reason »… Pourquoi voit-on un pneu se réveiller tranquillement dans une décharge, apprendre à rouler l’air de rien, se mettre à développer des talents pour la télékinésie et faire
ensuite exploser des têtes par dizaines ? « No reason »… Ah vraiment, mais quel drôle d’Oizo ce Dupieux ! Il est quand même un tout petit « pneu » gonflé pour oser un film aussi improbable sur
une roue de voiture reconvertie en serial killer qui tue sans la moindre raison… Tourné en quatorze jours avec un appareil photo (!), le seul concept du film a déjà de quoi surprendre et emballer
!

Le pari du cinéaste est d’ailleurs en grande partie réussi, dans la mesure où l’on y croit à cette histoire et où son cinéma fait parfaitement illusion. En plus de ça, on s’amuse vraiment à
suivre l’odyssée absurde et déjanté de ce pneu en roue parfaitement libre, si l’on puit dire… Les bonnes idées se suivent, depuis l’apprentissage de la vie du pneu (à rouler d’abord, à tuer
ensuite, en commençant par des objets ou des petits animaux et en finissant par des humains) et jusqu’à sa réincarnation en tricycle, en passant par sa romance avec une jolie pépée ou une nuit
tranquille dans un motel, traces de pneu dans les draps (ah ah) et douche au petit matin incluses…

Quentin Dupieux est un filou et il va même plus loin dans son concept terriblement série Z, en le transformant en vraie réflexion sur le cinéma, à travers une intrigante mise en abyme… L’histoire
ne se déroule en effet que si un public la regarde, et le réalisateur installe carrément un groupe de touristes au milieu de nulle part pour leur faire assister à son « film ». A moins qu’il ne
s’agisse là que d’une façon d’exorciser l’absence de public pour « Steak », son précédent film ? Quelques spectateurs, après tout, même inclus à l’intérieur du film, c’est toujours ça de
pris…

Audacieux, « Rubber » l’est tout autant dans son récit que dans sa forme, puisque tout semble sur le point de vaciller à chaque instant au fur et à mesure que le film avance… On se demande même
souvent comment il peut aussi bien tenir la route, mais c’est justement dans son absence de cohérence ou d’explications que l’on trouve la meilleure des réponses ! Dès le début de film en effet,
le personnage principal (excellent et hilarant Stephen Spinella) nous explique face caméra, ni vu ni connu, que ce que l’on va voir n’est finalement rien d’autre qu’un hommage à l’éternel et
omniprésent « No reason » qui gouverne le monde…

Reste que « Rubber », malheureusement, manque peut-être un peu de carburant pour arriver vraiment à bout de ses intentions de long métrage… Si les effets de lenteur qui parcourent le film sont
bien souvent joliment esthétique, force est de constater que l’ensemble a parfois l’air un brin étiré et répétitif, au point de tourner en rond… ou plutôt de ne plus tourner bien rond, comme un
pneu crevé ! On reconnaît que « l’effet cinéma » est réussi, porté aussi par mille références (à commencer par « Scanners » de Cronenberg, peut-être la plus évidente avec les têtes qui explosent), mais
une impression d’inachevé demeure quand le générique de fin apparaît. Il manquait sans doute encore un peu de consistance, d’une ou deux idées supplémentaires ou d’une roue de secours, pour
parachever ce « Rubber » comme on l’avait rêvé avant sa projection ! Bel effort, en tout cas, et beau geste d’un cinéaste stimulant !































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jeudi 18 novembre 2010

Holiday, de Guillaume Nicloux (France, 2010)



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Sortie nationale le 8 décembre 2010



 



A la projection de presse d’« Holiday », j’ai du me lever de mon siège pour laisser passer un homme, qui était donc potentiellement une illustre plume de la critique cinématographique… En passant
devant moi, ce monsieur m’a méticuleusement écrasé le pied, en prenant soin de bien appuyer de tout son talon sur mes misérables petits orteils sensibles. En parfait petit être minuscule et
pusillanime, je n’ai pas émis le moindre cri, ni le moindre son d’ailleurs, malgré la douleur insoupçonnée d’un tel écrabouillage systématique, et je n’ai pas pipé mot non plus ! Mais l’homme,
qui me surpassait probablement en tout et de très loin, au point de se permettre sans vergogne de me piétiner de son « 44 » au bas mot, s’est cependant retourné vers moi après son éprouvant
passage pour me demander innocemment : « Je ne vous aurais pas marché sur le pied par hasard ? » Et moi de répondre dans un souffle : « Oui ! Mais ce n’est pas grave… » « Ce n’est pas grave »,
putain ! Je lui ai répondu « ce n’est pas grave », putain de merde ! Genre, allez-y les gens, piétinez-moi à loisir, ça ne fait rien, c’est ma tournée ! Et puis de toute façon je suis tellement
minable comme mec, tellement plus bas que vous… « Minable », je me suis dit, « tu es vraiment minable »…

Minable comme le personnage principal d’« Holiday », justement ! Interprété par Jean-Pierre Darroussin (qui joue plutôt bien les minables, rien à dire…), ce Michel Trémois a donc une petite vie
minable, un petit travail minable, une vie de couple assez minable… Il a quand même une femme plutôt jolie, mais il n’arrive pas à la faire jouir, ce qui de toute façon est assez minable. Elle
finira par le quitter d’ailleurs, pour un autre minable (mais gynécologue, on comprend mieux !), à l’issue de ce week-end dans un hôtel étrange censé faire renaître leurs premiers émois de couple
désormais sur la brèche… Sauf qu’un meurtre va être commis et qu’une enquête va être menée… Guillaume Nicloux multiplie les scènes plus ou moins absurdes, au gré de rencontres avec des
personnages constamment décalés, et à peu près tous minables, encore une fois… Le problème, c’est que sa pseudo « comédie polisexe » (comme il le mentionne subtilement sur le dossier de presse)
manque de punch, manque de rythme et devient, passé le premier quart d’heure qui nous laisse espérer, furieusement chiante ! Bien sûr, y’a les acteurs, mais Balasko est très vite éclipsée et
Judith Godrèche, franchement, si vous tenez absolument à la voir au cinéma en ce moment,
optez plutôt pour le fabuleux film de François Ozon
! Alors je ne sais pas si ça vient surtout de mon pied écrasé, mais j’ai eu du mal à prendre mon pied au cours de ces « congés » forcés… «
Holiday » ? Un film un peu comme moi et ses personnages dans le fond… Qui a dit « minable » ?































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mercredi 17 novembre 2010

Saw 3D : Chapitre final = Saw 7 (vu en 2D), de Kevin Greutert (Etats-Unis, 2010)



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Le 7ème "Saw" ?



 



Pour ce « chapitre final », la franchise culte du gore nous a réservé un(e) « Saw 7 » très sale ! Les aficionados du genre devraient en effet se réjouir et se pourlécher les babines : « Saw 7 »
enchaîne sans relâche les dépiautages, éviscérations et autres découpages en tout genre de chair humaine, dans des gros plans frontaux bien dégueux… ou délicieux, selon le régime alimentaire de
chacun (on déconseillera quand même le tout aux végétariens à l’âme trop sensible !) N’empêche que l’univers cathartique de la saga continue de fonctionner comme au premier jour et que l’on
s’abreuve de tant d’horreur avec toujours autant de bonheur ! Il faut dire que les façons de trucider les gens ne manquent ici ni de peps ni d’originalité : le spectacle monstrueux et sadique de
la mort est constamment renouvelé pour nos petits yeux avides… On suppose que la vision en 3D du film permettra d’en avoir encore un peu plus plein les mirettes, mais sachez que sa version «
vintage » et plate est déjà suffisamment efficace en matière de sensations fortes, avec quelques séquences particulièrement insoutenables !

Mais « Saw 7 » n’est pas que cela ! A l’instar des autres épisodes de la série, trop souvent qualifiés à tort de « porn torture movies » sans rien derrière, cet « ultime » opus (c’est comme ça
qu’il est aujourd’hui vendu en tout cas) possède des qualités créatives et artistiques insoupçonnées, qu’il serait grand temps de réhabiliter ! La première séquence de torture, par exemple, est
ici particulièrement intéressante dans la mesure où elle a lieu – fait inédit ! – en public, dans la vitrine d’un grand magasin : à travers cette foule de voyeurs assistant avidement au spectacle
de charcuterie de quelques adolescents à coups de scies sauteuses, le film propose comme une mise en abyme « miroir » plutôt futée à son public avide d’images de plus en plus sanglantes… On
pourrait y lire alors une véritable critique de la violence croissante de nos sociétés pseudo-civilisées !

Cependant, rappelons avant tout que « Saw » est aussi un concept narratif assez fouillé et bien réalisé. Ici, le scénario est une fois encore brillamment écrit, poussant le récit avec une
certaine virtuosité dans des retranchements insoupçonnés. Sans compter que les révélations sont nombreuses, notamment le coup de théâtre final (réapparition incroyable d’un personnage jusque-là
oublié du tout premier film !), tout comme les mises en perspectives avec les autres longs métrages de la saga… C’est stimulant et bien fichu, donnant du relief et un sens à ce que beaucoup
voudraient trop facilement réduire à un enchaînement pur et simple de scènes de carnages atroces et perverses !

Osons enfin comparer l’incomparable et proclamer « Saw » comme un équivalent contemporain de cette bonne vieille Bible ! Chaque film serait alors un chapitre et chaque piège de Jigsaw et de ses
disciples comme les versets de ces chapitres… Chaque verset possédant bien sûr sa petite morale propre. Car au fond, « Saw » est une suite de films remplis de commandements et de conseils pour
une vie meilleure : les mauvais actes y sont systématiquement punis et chaque homme fautif aura une chance de se racheter une dernière fois… Dans « Saw 7 », un imposteur tente même de transformer
en religion les actes de Jigsaw, soutenant que chaque homme ayant survécu à ces horreurs peut en tirer une vraie leçon de vie ! Constituée de 7 films (chiffre magique !), le premier et le dernier
sont comme l’alpha et l’oméga, allant de la « Genèse » à l’« Apocalypse », et il n’est bien évidemment pas innocent que ce dernier chapitre se termine exactement là où le premier film commençait…































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mardi 16 novembre 2010

Potiche, de François Ozon (France, 2010)



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Catherine Deneuve est une « Potiche » absolument fabuleuse pour François Ozon ! Dans son rôle de vieille bourgeoise a priori fidèle et soumise à son mari infidèle et teigneux à la tête de
l’entreprise de parapluies de son papa défunt, où les tensions sociales avec le monde ouvrier sont de plus en plus difficiles à gérer, elle excelle d’abord à tout retenir, faire comme si tout
allait bien, pour ensuite mieux renverser la situation et les clichés ainsi accumulés, et démontrer à son entourage que la « potiche » n’est pas forcément qui l’on croit… Suite à un malaise
cardiaque de son mari, elle est contrainte de s’occuper de l’entreprise familiale, révélant alors un talent incroyable à apaiser tout le monde et à maintenir à flots les affaires (et aller même
bien au-delà !)

L’ironie et la satire semblent permanents dans « Potiche ». Le kitsch est partout, le ton est constamment décalé, les personnages sont des caricatures hilarantes (Judith Godrèche en fille
néo-libérale avant l’heure est épatante, Karin Viard en secrétaire prise entre son patron et sa « potiche » est tout simplement géniale, et Luchini en patron lubrique et cynique est très bien
vu). En filmant encore une fois le théâtre comme personne (son film est adapté d’une pièce du même nom signée Pierre Barillet et Jean-Pierre Grédy), le cinéaste met en scène le spectacle de la
politique avec tous ses travers et ses ridicules, à une époque de basculement économique charnière de notre société (la fin des années 70). Le registre de la farce est riche et délirant, offrant
un film où l’on ne s’ennuie jamais et où tout semble pouvoir déraper à chaque instant…

D’ailleurs, Ozon ose tout ! A commencer par le mélange des genres : « Potiche » tient tour à tour de la pièce de boulevard, de la comédie de mœurs, du vaudeville… mais fait surtout une foultitude
d’appels du pied au cinéma, dans lequel le film se positionne avant tout : références à Hitchcock (le voyage entouré de suspense de Deneuve jusqu’au député maire communiste en pleine nuit), à
Jacques Demy bien sûr (l’usine de parapluie, l’univers chromatique, les variations musicales proches des « Demoiselles de Rochefort »), à la comédie musicale en général (la potiche fredonnant
savoureusement « Emmène-moi danser ce soir » de Michèle Torr, ou reprenant « C’est beau la vie » à la fin du film) ou pourquoi pas à Almodovar (l’apparition hispanique de Sergi Lopez en
camionneur sur l’air de « cucurrucucu »…) Réunir Catherine Deneuve et Gérard Depardieu n’a d’ailleurs rien d’innocent : ce couple incroyable convoque tant de fantômes merveilleux de l’histoire du
cinéma, de François Truffaut à André Téchiné…

Et ce n’est pas tout, puisque le réalisateur ose aussi le mélange des temps : sous ses accents hyper rétro (mais un rétro éminemment moderne et réjouissant !), « Potiche » semble là pour mieux
parler d’aujourd’hui… Outre les saillis contre un système politico-économique désastreux et injuste (des scènes en famille endiablées, avec une fille ultra-libérale et un fils presque communiste
!), on peut entendre au détour d’une réplique une pique moqueuse contre la France de Sarkozy, à base de « Casse-toi pauvre con » et autre « Travailler plus pour gagner plus »…

Mais la satire ne serait pas suffisamment épicée si François Ozon n’y insufflait pas aussi l’essence même de son « cinéma de la déviance », auquel il nous a si merveilleusement habitué depuis «
Sitcom ». S’il freine un peu sur le côté « gay », il y va plus franco sur les dérives familiales. Le fils (interprété avec splendeur par Jérémie Renier) cumule d’ailleurs les deux aspects : quand
il présente à sa mère ses idées pour de nouvelles collections de parapluies (très arty, et dont l’une s’appelle « arc en ciel », Ozon s’amuse…), il ne se fait plus de doute sur son homosexualité
latente, malgré son amour supposé d’une jeune fille, qui se révèlera peut-être… sa sœur ! Quant au garçon qui semble l’avoir « révélé à lui-même » (comme il le dit à sa mère) à la fin, il n’est
pas impossible non plus qu’il soit en réalité… son frère ! Car si le père était un coureur de jupons avéré, ce que l’on apprend sur le compte du personnage de Deneuve au fil du récit s’avère
assez tordant… et tordu ! Finalement, ce personnage de fausse « potiche » est la plus belle invention du film, incarnation moderne d’une femme incroyablement femme, qui dispose pleinement de son
corps et détrône un temps son mari pour en appeler au retour d’un matriarcat excessif : l’hymne au féminisme et à une liberté constamment à conquérir que laisse voir la fin du long métrage est à
ce titre une apothéose toute Ozonienne, que l’on appréciera comme il se doit !



 



Mise en perspective :



- Le refuge, de François Ozon (France, 2010)































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