lundi 3 mars 2014

[Critique] Monuments Men, de George Clooney



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Monuments Men



de George Clooney



(Etats-Unis, Allemagne, 2014)



Sortie le 12 mars 2014




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« Monuments Men » se targue d’emblée d’être « inspiré de ce qui s’est réellement passé ». La caution « historique » du film – balourdement appuyée d’un bout à l’autre du métrage – se base sur un
programme lancé pendant la seconde guerre mondiale pour retrouver et sauver des œuvres d’art pillées par Hitler suite à la destruction malencontreuse d’une abbaye ancienne par les Alliés. Ces «
Monuments Men », pour la plupart américains, sont trop vieux pour faire la guerre et occupent généralement une profession en lien avec l’art : ils sont pourtant envoyés au cœur du conflit pour
accomplir leur « noble mission »…

Le sujet est certes intéressant et aurait pu donner un grand film éducatif, ou mieux : un documentaire passionnant sur un aspect de la deuxième guerre mondiale, dont on a peu entendu parler
jusque-là… Sauf que George Clooney met très clairement les pieds dans le plat et lâche les mammouths avec fracas ! Pour la subtilité et l’intelligence, on repassera donc plus tard… Son long
métrage privilégie le côté héroïque et boursouflé, voire carrément pro-américain, dans la mesure où on a l’impression que rien n’aurait été sauvé de notre patrimoine européen sans l’intervention
de ces glorieux hommes de l’art – alors même que l’on sait que beaucoup de conservateurs de musées et autres résistants ont risqué leurs vies sur place à cacher les œuvres les plus importantes
dès le début de la guerre…

Bon, c’est vrai, « Monuments Men » se regarde au fond assez plaisamment, pour peu que l’on oublie un peu son traitement très « cool » et patriotique de ce qui fut une tragédie historique… Après
tout, le film met en scène une belle brochette d’acteurs pour lesquels on éprouve d’emblée une sympathie bienveillante : Matt Damon, Bill Murray, John Goodman, Jean « Doujardin »… et George
Clooney, qui intervient ainsi à la fois devant et derrière la caméra !

Sauf que l’idéologie véhiculée par le film – et sur laquelle la voix off plombante insiste beaucoup trop – confère à l’ensemble une dimension extrêmement gênante, pour ne pas dire carrément
douteuse… Car au fond, la moralité de cette grande fiesta guerrière et meurtrière, où le sacrifice pour sa patrie (et accessoirement pour l’art) est de mise, revient à asséner au spectateur
qu’une œuvre d’art compte plus qu’une vie humaine… Les notions d’humanisme et la vocation même des pratiques artistiques en prennent ainsi un grand coup dans leur gueule : mourir pour une œuvre,
comme mourir pour son pays en prenant les armes, c’est exactement le contraire de ce que doit impérativement prôner l’art, soit que la vie doit triompher de tout coûte que coûte… En œuvrant ainsi
pour l’obscurantisme à travers cette œuvre puante, George Clooney donne une tournure bien déplaisante à sa carrière…































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4 commentaires:

  1. Mince l'affiche était tentante le thème aussi... J'ai plus trop envie de la voir du coup


    Bye

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  2. Wouah c'est surper dur !... Pas d'accord en tous cas. Certe c'est sans doute le film de Clooney le moins réussi mais ça reste un bon film dans la bonne moyenne. Ca manque juste de souffle, d'une
    morale moins omniprésente (et je ne lais lis pas aussi extrême que toi) et d'une idylle superflue... 2/4

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  3. Coucou


    et bien non j'y suis allée (avec une entrée à 3.50 gagnée !). Bon c'est pas tip top mais voir ce film m'a donné envie de me documenter sur Rose Valland !


    Voici mon billet :


    http://imagimots.blogspot.fr/2014/03/prolongation-du-printemps-du-cinema.html


    Bises

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  4. Personnellement, j’avoue que je m’attendais à mieux ! Je pense que c’est peut-être dû au casting cinq étoiles et au synopsis plutôt intéressant. Cependant, je ne vais pas
    cacher que c’est un bon divertissement, mais sans plus.

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