samedi 29 mars 2014

[Critique] Aimer, boire et chanter, d’Alain Resnais



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Aimer, boire et
chanter



d’Alain Resnais



(France, 2013)



Sortie le 26 mars 2014




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On avait envie de croire au titre plein de promesses du précédent film d’Alain Resnais : « Vous n’avez encore rien vu », comme si sa carrière ne faisait au fond que
commencer et qu’il avait encore des tas de choses à nous montrer… Et c’était d’ailleurs certainement le cas ! Ce qui est d’autant plus triste de le voir partir à (seulement ?) 91 ans, alors qu’il
avait visiblement encore tant à nous dire, « Aimer, boire et chanter » se révélant une nouvelle preuve…

Son ultime film fait ainsi tomber le rideau sur une œuvre qui aura été traversée par le génie d’un bout à l’autre ! « Tomber le rideau » étant une expression éminemment juste, tant le théâtre
s’invite et se mêle au cinéma dans « Aimer, boire et chanter », pétri de jeux formels, qui furent jusqu’au bout une marque de fabrique symptomatique du cinéma de Resnais, cela depuis « Hiroshima
mon amour » ou « L’année dernière à Marienbad »…

Une fois encore la mise en scène ici fascine et se vit comme un cheminement ludique permanent… Le nouveau film du cinéaste mêle ainsi assez étrangement vues réelles de villes du Yorkshire (où
l’action du film est censée se dérouler), dessins très british de maisons anglaises et décors factices composés de tentures découpées à travers lesquelles les acteurs peuvent apparaître ou
disparaître… Cinéma, théâtre, art graphique, tout se mêle dans une composition cherchant à tout assimiler et à rendre officiel l’hymen de tous les arts ! La mise en exergue de certaines des
répliques des personnages, isolant ceux-ci sur un fond rayé de noir et blanc et rompant brutalement le déroulé d’un plan séquence, offre un nouvel aspect des jeux formels auxquels se livre avec
délice le réalisateur joueur et facétieux…

Mais au-delà la forme, « Aimer, boire et chanter » est un film plein de charmes et de plaisirs, comme son titre l’indique au fond… Dialogues savoureux, situations drolatiquement surjouées,
quiproquos, jeux amoureux ironiquement vaudevillesques : tout participe à une jubilation tranquille pour le spectateur… jusqu’à cette gageure elle aussi éminemment ludique : celle de ne jamais
nous montrer le personnage qui demeure pourtant le moteur et le cœur de l’action… Tout ça joué et déclamé par une troupe d’acteurs qui a fait ses preuves depuis longtemps, et que l’on risque
malheureusement de ne plus voir réunie aussi souvent à l’écran : Sabine Azéma, Hippolyte Girardot, Michel Vuillermoz, André Dussollier… ou encore Sandrine Kiberlain, qui faisait sa première (et
donc dernière) apparition dans un film d’Alain Resnais, l’un des plus grands réalisateurs de notre cinéma, que l’on espérait secrètement ne jamais voir mourir…



Autres films d'Alain Resnais :



L’année dernière à Marienbad (1961)



Les herbes folles (2009)



Vous n’avez encore rien vu (2011)































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2 commentaires:

  1. Bonjour Philciné, je préfère me souvenir de Resnais comme réalisateur de Hiroshima mon amour et L'année dernière à Marienbad plutôt que dans Aimer, boire et chanter qui traîne, traîne avec un
    pauvre Dussolier qui ne fait que tapisserie. J'ai trouvé Catherine Sihol très bien. Bonne après-midi.

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  2. Hello,
    Je pense que les critiques ont été plutôt sévères à l’égard de ce long-métrage. Bien qu’il ne soit pas le film du siècle, je pense quand même qu’il se laisse regarder et apprécier. 

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