lundi 11 février 2013

[Critique] Hitchcock, de Sacha Gervasi



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(Etats-Unis, 2012)



Sortie le 6 février 2013




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Difficile de démêler le vrai du faux dans ce « biopic » assez étonnant sur le « maître du suspense » Alfred Hitchcock, qui n’en demeure pas moins ponctué d’anecdotes et de références connues et
authentiques… Focalisé sur la seule période du tournage de « Psychose » en 1960, le film nous plonge ainsi dans une période de doutes pour le célèbre réalisateur, qui est au fait de sa gloire
mais préfère la prise de risque au ronron trop tranquille de refaire encore et toujours le même film, comme son entourage le lui conseille pourtant… Il cherche donc l’inspiration et surtout un
sujet novateur, pour se renouveler mais visiblement aussi pour avoir le plaisir de contredire tout le monde, producteurs et conseillers, qui aimeraient mieux le voir oublier cette adaptation d’un
livre de genre d’habitude destiné à devenir de vulgaires séries B…

Mais l’idée d’Hitchcock est justement de donner ses lettres de noblesse à un genre déconsidéré et tout juste bon à alimenter la programmation des cinémas de quartier – le cinéma d’horreur –, en
lui offrant les services d’un cinéaste de classe A, reconnu et considéré, c’est à dire : lui-même ! Le long métrage de Sacha Gervasi réussit d’ailleurs très justement à montrer la pugnacité du
bonhomme, prêt à tout pour imposer ses choix… et quel bonheur aussi de le voir se moquer avec habileté et ironie des comités de censure, pour qui un film comme « Psychose » ne peut pas avoir
d’agrément ! Le film rappelle à cette occasion que la force du cinéma d’Hitchcock réside pour beaucoup dans l’art de son montage plus que dans le travail fournit pendant le tournage (le cinéaste
aimait d’ailleurs à déclarer qu’il s’ennuyait sur les plateaux et que le travail aurait très bien pu se faire sans lui – ce que le film souligne d’ailleurs par son absence effective un jour où il
doit rester alité, remplacé alors tout aussi efficacement par sa propre femme !) : c’est ainsi par le montage que les codes de la censure sont parfaitement contournés dans la fameuse scène de la
douche, où l’extrême découpage des plans suggère plus qu’il ne montre effectivement les images interdites de nudité ou de violence… Et c’est justement par ce trait de génie que le cinéma
d’épouvante allait entrer dans une nouvelle ère !

Si tout n’est pas très convainquant dans cette vision d’« Hitchcock » (l’obsession du cinéaste pour le véritable serial killer ayant inspiré le personnage de Norman Bates, illustrée par des
hallucinations récurrentes, par exemple) et si le doute permanent sur ce qui nous est montré se révèle un peu dérangeant (quid de la nature véritable des rapports d’Hitchcock avec sa femme Alma,
et de la véritable implication de celle-ci dans l’œuvre du maître ?), le film n’en demeure pas moins un véritable objet de fascination, s’inspirant d’éléments largement connus et étudiés sur le
monsieur, à commencer par son obsession pour les femmes et de la frustration qu’il en avait certainement, au point que sa mise en scène elle-même le manifeste ! Même chose côté acteurs, où le bon
(Helen Mirren dans le rôle d’Alma, James d’Arcy dans celui d’Anthony Perkins…) se mêle au moins bon, avec un Anthony Hopkins proposant un Hitchcock trop mimétique et par là même outré…

Mais si la réalité historique semble bien hasardeuse ici, le film n’en demeure pas moins aussi une plaisante comédie, entre l’ironie un peu cynique assez typique d’Alfred Hitchcock et des scènes
parfois complètement burlesques, comme lorsque l’on voit les spectateurs découvrir « Psychose » en bondissant sur leurs sièges pendant que le cinéaste cabotine dans le hall du cinéma au son de la
musique de Bernard Herrmann pendant la scène de la douche, qui à l’origine devait d’ailleurs demeurer totalement silencieuse… C’est toujours les petits détails qui font les plus grandes légendes,
et si la légende d’Hitchcock n’est définitivement pas immortalisée par ce film, plaisant mais pas inoubliable, celui-ci donne néanmoins l’envie furieuse de revoir sans tarder « Psychose » et
d’autres chefs-d’œuvre d’un réalisateur immense, ce qui en soi est déjà pas mal !



Films d'Alfred Hitchcock :



Fenêtre sur cour (1954)



L’inconnu du Nord-Express (1951)



Lifeboat (1943)



Sueurs froides (1958)































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6 commentaires:

  1. La vie d'alfred hitchcock est un film en lui même, le talent à l'etat pur doublé d'un sens du détail effrayant.


    http://www.mistergoodmovies.net 

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  2. Les seconds rôles sont clairement les plus réussits. Après, ça manque u peu de souffle mais bon ça se laisse regarder vite fait...

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  3. C'est vrai que le personnage de Perkins est réussi... Par contre Hopkins surjoue et c'est très agaçant !

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  4. J'ai bien aimé dans l'ensemble car ça reste assez ludique et diablement intéressant. Hopkins est trop engoncé dans une prothèse trop rigide... 3/4

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  5. une étoile ! , personnellement j'ai vraiment accroché !

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  6. mais oui j'ai bien aimé moi aussi !!! 1 étoile = bien !!!! :)

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