samedi 16 février 2013

[Critique] Die Hard : Belle journée pour mourir, de John Moore (vu par R.C.)



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(Etats-Unis, 2013)



Sortie le 20 février 2013




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Et revoilà John McLane, le flic vieille école, seul contre tous, toujours au mauvais endroit au mauvais moment et sachant comme personne s'attirer les ennuis ! Avec tout de même quelques petites
différences par rapport aux précédents épisodes (je n'ai pas vu le quatrième) : d'abord, l'action est délocalisée en Russie et en Ukraine (à Prypiat plus précisément, mais sans jamais parvenir à
exploiter le décor pourtant très cinégénique de Tchernobyl) ; ensuite, comme dans « Indiana Jones 4 », on a greffé sur McLane un rejeton tout aussi brave que son père, histoire de dire que la
relève est là ; et enfin, le héros ordinaire, loser revendiqué confronté malgré lui aux situations les plus extraordinaires s'est transformé entre temps en super héros infatigable, connu
apparemment dans le monde entier. Tout cela tient lieu de scénario, en ajoutant les différentes marques de fabrique de la série : l'action se déroule sur une journée (sous exploité : aucun
suspense n'est provoqué par la durée ou le temps réel) et un McLane bourrin, « improvisateur » de génie, dont le seul plan de survie consiste à détruire tout ce qui bouge, ce qui peut avoir son
petit côté jouissif, avouons-le.

L'intrigue réussit l'exploit d'être à la fois confuse et dispensable. Seules comptent les scènes d'action qui sont hélas instantanément lassantes. Courses-poursuites sans queue ni tête (on ne
comprend pas toujours comment une voiture se retrouve sur telle voie d'autoroute après en avoir quitter une autre avec force tonneaux, et très rapidement on ne sait même plus qui poursuit qui),
fusillades sans timing, crash d'hélicoptère visiblement coûteux mais pas plus spectaculaire que ça, bruit incessant, bruit incessant, bruit incessant. Spielberg devrait donner une bonne fois pour
toutes un cours magistral de montage des scènes d'action à tous les réalisateurs du genre – se référer justement au dernier Indiana Jones. Hormis une jolie lumière dans un hôtel dépeuplé, la
seule coquetterie du réalisateur est d'avoir remis au goût du jour, en plus cher, ces décadrages zoomés aériens hyper rapides qu'on aperçoit dans les fictions paranoïaques tendues comme un string
des années 70, ou dans celles mettant en scène les « action heros » des années 80 dans leurs courses haletantes, ou encore dans les Power Rangers. Ce petit côté « old school » sied au film quand
on considère le fait d'avoir mis de côté les vingt dernières années d'Histoire mondiale en nous rejouant une guerre froide sans enjeu politique. À ce propos, à quoi sert la scène durant laquelle
McLane parlote et plaisante avec son presque instantané ami chauffeur de taxi russe dès qu'il débarque de l'aéroport ? À allonger un peu le temps d'exposition avant les explosions ? À suggérer
que tous les russes ne sont pas pourris et qu'il y en a même des très amicaux, ce afin de ne pas s'attirer les foudres de l'office du tourisme ? À mettre en évidence la réconciliation des deux
blocs, suggérant avec une infinie subtilité la victoire de l'impérialisme américain (car le plus extraordinaire dans cette scène est que ce chauffeur de taxi américanophile parle un bon anglais !
Or, quiconque s'étant déjà rendu dans un pays de l'ex bloc de l'Est sait qu'il faut beaucoup de chance pour tomber sur un anglophone, fût-il chauffeur de taxi).

Et puis, il y a la relation père-fils... Que dire ? Elle évolue par palier : après chaque scène musclée, les deux complices se rapprochent et se comprennent un peu plus, comme par magie, chacun
admettant ses erreurs (mais on ne sait pas lesquelles exactement) jusqu'à une toute dernière scène assommante de ridicule. McLane père est horripilant d'un bout à l'autre et chacune de ses
blagounettes tombe à plat. Willis ne parvient pas à rendre son personnage aussi sympathique que dans les précédents opus. McLane fils est là pour montrer ses muscles. Avec ce peu d'érotisation,
et étant donné qu'il n'y a pas d'autre intrigue à se mettre sous la dent, on finit par se demander s'ils ne vont pas se rouler une galoche. D'autant que la « James Bond girl » du film est
invisible et serait presque dépourvue de sensualité s'il n'y avait ce moment où elle retire un masque à gaz comme dans une pub pour l'Oréal.

Bon, je suis peut-être un peu dur, mais personne ne semble avoir mis beaucoup de passion dans ce film avant tout commercial. Sans McTiernan derrière la caméra (qu'on aimerait bien voir revenir à
la réalisation quand il sera sorti de prison), cet ultime opus n'est rien de mieux qu'un film de franchise qu'on ne recommandera qu'aux collectionneurs du genre, à ceux qui veulent pouvoir dire «
J'ai vu tous les Die Hard. » (Pour ma part, il m'en reste un à voir, mais je vais peut-être attendre un peu.)































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8 commentaires:

  1. Putain, même pas un avis un brin positif pour ce pauvre film, c'est triste...ou pas.

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  2. Tout le monde à l'air de s'accorder pour dire que malheureusement le film est un gachis. C'est triste.

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  3. Bon mais allons droit à l'essentiel : y a-t-il bien un petit "Yippee ki-yay motherfucker" bien placé à se mettre sous la dent au moins ? 

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  4. C'est hallucinant que l'on puisse mettre autant d'argent pour un résultat que tout le monde a l'air de juger complètement pitoyable !

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  5. Ca devient mission impossible de trouver une critique positive du dernier DIE HARD. lol
    C'est vraiment si mauvais??? 

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  6. J'ai l'impression, à lire les critiques ici et là, que ce cinquième opus est encore plus mauvais que le précédent (qui saccageait déjà pas mal la licence). 


    La saga "Die Hard" s'arrête donc au troisième volet, à mes yeux !

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  7. Un gros navet, j'ai rarement vu un râtage pareil pour une telle production... 00/4

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  8. Ah mais oui, bien sûr que c'est culte : c'est l'équivalent du "Hasta la vista baby" de Terminator 2 ! Et ça veut dire pareil mais va savoir ce que ça donne en français... (peut-être un genre de
    "Casse toi, pauv' con" bien de chez nous ? ;) Mais il manquerait alors une touche d'ironie...) NB : oui, la réplique est dans le film (encore heureux!), même s'il n'est en effet pas terrible du
    tout à mon grand regret...

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