vendredi 12 mars 2010

La vie est belle, de Frank Capra (Etats-Unis, 1946)

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Note :
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Avec « La vie est belle », Frank Capra signe probablement son plus grand chef-d’œuvre ! Il y raconte l’histoire de George Bailey à la façon d’un conte de Noël. La structuration du film se permet
une chose assez étonnante, qui donne pourtant toute sa fluidité au long métrage : raconter dans un premier temps toute la vie du personnage principal en flash-back, puis faire repartir l’intrigue
au moment où commençait le film, lorsque Bailey s’apprêtait à commettre l’irréparable, en se suicidant, tellement la vie lui pèse… Sur un sujet grave, le film sait très vite se révéler léger et
plein d’humour : tout se passe par exemple du point de vue d’un « ange de seconde classe », envoyé par Dieu sur la Terre pour redonner le courage de vivre au pauvre malheureux. S’il réussit cette
mission, l’ange un peu maladroit gagnera enfin ses ailes, qu’il attend depuis des siècles… Au début du film, Dieu et les anges sont symbolisés par des étoiles et tout un dialogue se déroule entre
plusieurs étoiles qui scintillent plus fort lorsqu’elles parlent : ça coûte pas cher et c’est pourtant une formidable idée, un peu folle et surtout très amusante…

Durant toute son existence, George Bailey a essayé de partir de sa ville natale, Bedford Falls, rêvant de pouvoir explorer la planète… Mais à chaque fois des imprévus, des obligations, le
contraignent à demeurer là. L’ange va lui ouvrir les yeux sur tous les sacrifices qu’il a d’ailleurs fait, toutes ses actions généreuses et dévouées qui auront permis d’aider tant de gens et de
rendre le monde meilleur… En lui montrant à quoi la ville ressemblerait sans lui, la démonstration est sans appel : tous sont malheureux et tout espoir a quitté depuis longtemps les habitants… Mais
ce qui est vraiment très beau et très touchant dans « La vie est belle », ce n’est pas seulement ce portrait d’un homme dont la générosité le perdra, mais bien sûr cette façon qu’il a de prendre
conscience de la portée de ses actes, alors même qu’il ne s’en doutait pas. Bien au contraire, le personnage, formidablement interprété par James Stewart, tout en folie et en spontanéité, croit
être un raté et n’a pas la moindre idée des liens qui l’unissent à tous les autres habitants du village… C’est ce lien et la démonstration de solidarité finale que Capra voulait d’ailleurs mettre
en avant dans son film, qu’il souhaitait adresser à tous ceux qui perdaient espoir et craignaient de n’être utile à personne : « It’s a wonderful life », dira-t-il, « n’était fait ni pour les
critiques blasés, ni pour les intellectuels fatigués. C’était mon type de film pour les gens que j’aime. Un film pour ceux qui se sentent las, abattus et découragés. Un film pour les alcooliques,
les drogués et les prostituées, pour ceux qui sont derrières les murs d’une prison ou des rideaux de fer. Un film pour leur dire qu’aucun homme n’est un raté ! »

A l’époque de sa sortie, dans un monde morose au sortir de la seconde guerre mondiale, le film n’a pas réussi à trouver son public. Il sera heureusement très largement réhabilité par la suite,
comme un film capable de redonner sourire et espoir aux hommes de bonne volonté. Un film éminemment optimiste, voire unanimiste, donc, mais pourtant jamais mielleux ou inutilement larmoyant : son
intrigue comporte d’ailleurs suffisamment de tragique pour donner tort aux critiques de l’époque qui lui reprochait sa mièvrerie… Mièvre, « La vie est belle » ne l’est en aucun cas ! Il suffit de
creuser un peu sous le vernis, pour très vite se rendre compte que, sous les coups de clochettes qui donnent leurs ailes aux anges, une profondeur insoupçonnée plonge le film dans une toute autre
dimension. On peut lire notamment à travers les situations et les incarnations des personnages une critique acerbe du monde de l’argent et de l’affairisme, qui ne fait que développer l’égoïsme et
l’individualisme…

Stephan Krezinski écrira à propos du film qu’il « synthétise tout ce que l'univers de Capra contient de généreuse utopie et de grandeur humaniste ». Il en fait ainsi le plus grand et le plus beau
film du cinéaste, que l’on peut voir et revoir inlassablement, en y trouvant à chaque fois un doux et tendre réconfort…






























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12 commentaires:

  1. Phil Siné } Oui, quand je dis "cinémathèque" en parlant de Lyon, je parle de l'Instiut Lumière dont je n'habite pas loin et auquel j'ai un abonnement illimité ! Que du bonheur =D

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  2. La citation de Capra que tu mets est éloquente et dit toute la générosité de ce film ! Comme tu le soulignes, LA VIE EST BELLE échape au qualificatif de "mièvre" par l'émotion (parfois tragique en
    effet) de sa construction narrative audacieuse et surprennante. Je ne pense pas que je prendrai le temps d'aller le revoir à la cinémathèque de Lyon - où il ressort également, comme à Paris - mais
    c'est évidemment un film à voir impérativement !

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  3. Houla, ça commence à sentir le plan drague votre truc ! lol

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  4. Un film que j'ai beaucoup aimé et que je ne regrette pas d'avoir découvert :)

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  5. Un film merveilleux, c'est le mot exact, non ?!

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  6. Gus> à voir et à revoir, et à re-revoir et même à re-re-revoir et plus encore !

    Ce film est absolument inusable !

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  7. ^^ je ne suis pas père de famille, j'ai 18 ans, quand je dis ma petite famille, ce sont mes parents et mes frères et soeurs ! J'ai mal choisi mes mots !

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  8. XD

    Non j'habite en appartement avec ma petite famille !

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  9. un film qui devrais être montré aux cinéastes en herbe histoire que certains rangent leurs caméras à tout jamais. Histoire touchante et prenante, jeux d'acteurs phénoménaux, direction d'acteur de
    très haut niveau et le cachet d'un cinéma qu'on ne SAIT PLUS FAIRE de nos jours.
    ce film est une leçon de cinéma

    ;)

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  10. Sans doute l'un des plus réussis "films de Noël" : touchant, poignant et à l'interprétation de très haute volée. Indispensable.

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  11. quand une cloche sonne c'est un ange qui a gagné ses ailes

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  12. Ce film a été mon film de Noël pendant des années et à chaque fois je versais ma petite larme lorsque George retrouve les fameux "Zuzu's petals". Malgré mon admiration et ma passion pour ce
    film, il faut bien admettre que ça fait un peu prêchi prêcha de chrétien de gauche. C'est le côté à la fois humaniste et cette vision angélique qui caractérise Capra ; finalement c'est aussi pour
    cela qu'on l'aime. mais je crois qu'au-delà de l'histoire, c'est la formidable mise en scène du réalisateur qui hausse le film au rang de chef d'oeuvre du cinéma.

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