This must be the place, de Paolo Sorrentino (France, Italie, Irlande, 2011)
Sortie le 24 août 2011
Note :
« This must be the place », c’est d’abord une composition carrément ahurissante de la part de Sean Penn : il incarne Cheyenne, une ex-rock star vieillissante, qui semble pourtant ne jamais avoir
vraiment grandit, victime probable du syndrome de Peter Pan. L’acteur est tout simplement bluffant dans la peau de ce curieux personnage, entre douce folie et ironie pince sans rire (son petit
rire en coin est absolument tordant). Retiré du monde dans une luxueuse résidence en Irlande avec sa femme, il reste toujours calme et méditatif, maquillé et looké à la mode gothique… Sous ses
apparences de drogué dépressif se cache pourtant un être visiblement sensible et intelligent, dont le regard sur le monde est à la fois sincère et pur, dont la douceur le pousse à accomplir le
bien. Ses rares réflexions, faussement fantaisistes, sont pourtant pleines de bon sens… Avec la mort de son père, à qui il ne parlait plus depuis son adolescence, il va se mettre en quête de ses
origines en retournant aux Etats-Unis : il va poursuivre aussi celui que son père avait recherché toute sa vie durant, un de ses bourreaux nazis lorsqu’il était dans un camp de concentration.
Bizarrement, le sujet principal du film – le retour sur le passé et la relation au père – apparaît relativement tardivement à l’écran et reste dilué dans toute une série de questionnements et de
sous intrigues plus anecdotiques… Le tout forme un long métrage déséquilibré, mais plutôt intrigant dans son étrange ambiance, à la lenteur mélancolique et à la photographie superbe ! Une forme
d’esthétique faussement publicitaire émerge ainsi, mais elle se met toujours au service d’un regard décalé sur le monde, un peu à la façon du photographe Martin Parr. Dans sa résidence, la
piscine creusée n’a par exemple jamais été remplie parce qu’elle sert de terrain de squash parfait… Mais là où le décalage s’avère le plus remarquable et savoureux, c’est lors de cette odyssée de
Cheyenne à travers l’Amérique : sous l’allure d’un monde parfait et lisse, il y a toujours quelque chose de pourri à découvrir, pour peu que l’on gratte un peu sous le verni… Les images nous
emmènent aussi vers un monde absurde, toujours poussé vers la démesure : là où une sculpture de la plus grande pistache du monde se révèle la fierté locale, Cheyenne demande avec une amusante
candeur où se trouve la plus petite ? On aime aussi cette façon dont la cruauté et la perversion humaine passe sans heurt sur le personnage : il se refuse ainsi même à une femme qui se jette sur
lui, par simple et sincère fidélité à sa propre femme… Si un tel comportement peut surprendre de la part d’une ancienne star du rock, elle ne surprend plus d’un personnage superbe que l’on a
appris à aimer, tout au long d’un film riche et surprenant, qui nous emmène là où on ne s’attend pas…
Effectivement on a eu le même sentiment devant le film. Sean Penn y est excellent mais le film est déséquilibré, même si la galerie de personnages est vivifiante.
RépondreSupprimerPas aussi bon que ce que j'espérais alors. Mais je ne manquerai pas de le voir si j'en ai l'occasion, j'ai adoré Sean Penn dans la bande-annonce. Malheureusement, il sort en janvier chez nous
RépondreSupprimer:°-(.
Le réalisteur de l'excellent "Il Divo" avec Sean Penn en rock star déchue chercheur de nazi ! Et pour une fois, assez rare pour en être courroucé, c'est Sean Penn le maillon faible. Son
RépondreSupprimerpersonnage est fantomatique, toujours ce même visage inexpressif, cette dégaine d'adolescent pleutre, mou, sans compter une voix toute aussi inexpressive et ce rire débile qui nous rappelle une
pub satirique qui se moquait gentillement des ados... Bref un personnage insupportable, vraiment horripilant sur lequel on ne s'accroche pas du tout et auquel on ne croit pas une seconde. Comment
imaginer qu'il fut un rocker ayant chanter avec Mick Jagger ?! Reste heureusement la magnifique Frances McDormand parfaite et qui offre également les plus belles scènes du film. Sorrentino
réalise un beau films dans la forme mais au scénario tout aussi vain que son personnage agace. 1/4
Je suis assez mitigé moi aussi, le très beau côtoie l'agaçant dans le film. Le premier quart d'heure ressemble plus à une bande annonce qu'à une amorce de film, et le tout hésite entre
RépondreSupprimerl'esthétique Van Sant et l'esprit pop Cameron Crowe (un peu trop). Mais Penn est fascinant, et ce voyage parvient à distiller de beaux moments de cinéma...
Bonjour Phil, je chroniquerai ce film avec d'autres quand je rentrerai. J'ai trouvé en effet que Sean Penn (que j'apprécie en principe modérément) est sensationnel avec son débit lent et sa voix
RépondreSupprimerde fausset et quand il souffle de côté sur sa mèche rebelle, il est assez irrésistible. C'est un film qui brasse beaucoup de chose. On ne sait pas trop quoi en penser mais je ne regrette pas de
l'avoir vu. Bonne après-midi.
Parait effectivement que ce film est très esthétique et parfois un peu lent. Je suis tenté mais je pense attendre sa sortie en video.
RépondreSupprimerUn film très atypique, mais finalement attachant, c'est vrai
RépondreSupprimerje tiens quand même à mentionner l'excellente prestation musicale des "pieces of shit": je suis fan, il me tarde d'avoir l'OST!
RépondreSupprimerJe me suis laissée emporter par ce film et j'ai vraiment passé un bon moment.
RépondreSupprimerJe trouve Sean Pean excellent encore une fois...
Je suis en phase avec ta critique. Perso, j'aurais noté le film entre "pas mal" et "bien". J'ai été bien déçu par la fin, que j'ai trouvée simpliste et étonnamment conformiste. Et j'ai trouvé que
RépondreSupprimerles passages avec musique de fond étaient vraiment trop nombreux.
Un film déroutant, intriguant mais plaisant, qui doit beaucoup à la personnalité de son personnage principal, sorte de grand enfant couplé à un ancien toxico, mais pas dénué d'intelligence,
RépondreSupprimerinterprété par un très grand Sean Penn.
Je suis allée le voir en France pour finir, pas envie d'attendre. Et j'ai a-do-ré!
RépondreSupprimerEntraîné par une amie (c'est bon les amis qui t'emmènent voir des choses que tu n'aurais pas forcément choisies) (elle a adoré ce film), j'ai aimé me laisser transporter par cette histoire. J'aime
RépondreSupprimerles films qui ne te donnent pas toutes les clés pour comprendre. Par exemple, ça n'est que plus tard qu'on comprend le coup de l'oie à laquelle parlait la vieille. Ou encore la fin. C'aurait été
bien plus convenu qu'il retrouve sa femme. Mais non. Beaucoup de subtilités. Excellemment interprété. Écrit, éclairé, mis en scène, etc. Un film étonnant. Et je ne demande pas davantage au cinéma
que de me surprendre.
content pour toi... moi, j'avoue que je me méfie des conseils depuis que quelqu'un m'a incité à aller voir "mes meilleures amies"... ;o)
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