Les enfants rouges
de Santiago Amigorena
(France, 2013)
Tourné sans moyens, « Les enfants rouges » est le résultat de deux années de travail bénévole de la part du réalisateur et de son équipe… S’il n’y a probablement pas là lieu de s’en vanter non
plus, le film qui se retrouve ainsi sous nos yeux n’est pas non plus une aberration et suscite même une certaine curiosité… du moins l’espace d’un instant. Car si le projet a tout du film-OVNI,
tout comme l’œuvre réalisée d’ailleurs, et reste formellement assez soigné, il manifeste néanmoins un petit air ampoulé sans pour autant respirer l’intelligence, ce qui le rend pour le moins
risible…
Au fond, le film aurait peut-être pu être réussi s’il avait été plus clairement parodique… sauf qu’en fait, il ne l’est pas du tout, ou disons plutôt qu’il l’est visiblement malgré lui, ce qui
n’est clairement pas à son avantage ! Le noir et blanc chichiteux et le montage hyper prétentieux, aux frontières du ridicule, le jeu clairement amateur et un peu bancal de ses acteurs, renvoient
bien malencontreusement le film à l’image inverse de celle qu’il voudrait apparemment donner… Sans compter les multiples citations pseudo-philosophiques sur l’amour et les rapports humains de la
jeunesse contemporaine, qui nous paraissent tout de même plus proches d’Anna Gavalda que de Friedrich Nietzsche : « Faire l’amour c’est le contraire de l’amour comme faire le singe », « Comment
se fait-il que l'amour pour un être en particulier, parfois, nous donne envie d'aimer tout le monde ? », « Car si il n'y a rien de mieux qu'essayer d'oublier pour ne jamais cesser de se souvenir,
il n'y a rien de mieux qu'essayer de se souvenir pour réellement oublier », « Son premier amour était trop présent, et la découverte de la solitude, de la puissance absolue de la solitude, lui
interdisait de choisir la puissance absolue d'un nouvel amour »… bon, vous voyez le genre, quoi !
M’enfin, entre deux crises de rire nerveux ou une anecdote étonnante sur le cannibalisme intra-utérin des requins taureaux (sic), on peut trouver une blague sympa sur des types qui louent des
chambres d’hôtel (mais ce serait en réalité un sketch de Fernand Raynaud, à la base…) ou quelques idées poétiques ou surprenantes, comme faire ressembler le métro parisien à un labyrinthe de
sex-club, où l’on se suit et où l’on drague de rame en rame… Dans ce salmigondis de créations maladroites, on demeure quoi qu’il en soit plutôt loin de ce que cherche visiblement à imiter le
cinéaste, qu’il s’agisse du cinéma de Bresson ou de l’indépassable « Un homme qui dort » de Bernard Queysanne et Georges Perec.
Perspective :
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