vendredi 1 novembre 2013

[Critique] Quai d’Orsay, de Bertrand Tavernier



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Quai d’Orsay



de Bertrand Tavernier



(France, 2012)



Sortie le 6 novembre 2013




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coeur


Aimant relever les défis – l’éclectisme de sa carrière cinématographique en est la preuve incontestable –, Bertrand Tavernier se lance avec « Quai d’Orsay » dans l’adaptation de la bande dessinée
de Christophe Blain et Abel Lanzac, mettant en scène l’expérience d’un jeune homme dans le cabinet d’un certain Alexandre Taillard de Worms, ministre des affaires étrangères. Sous le pseudonyme
d’Abel Lanzac se cache bien sûr Antonin Baudry, qui raconte en réalité sa propre expérience en tant que « conseiller aux langages » (c’est à dire chargé de l’écriture des discours du ministre) au
cours du passage au Quai d’Orsay de Dominique de Villepin sous Jacques Chirac, jusqu’à ce qui fût sans doute le point d’orgue de sa carrière : son discours aux Nations Unis en 2003 pour s’opposer
aux Etats-Unis contre la guerre en Irak…

Sur la forme, le film possède le rythme trépidant et un peu foutraque d’une vraie comédie et l’origine graphique de l’œuvre se ressent par toute une série de « trucs » dans la mise en scène
alerte et enlevée de Bertrand Tavernier… Déjà, l’emploi de Thierry Lhermitte dans le rôle du ministre apporte un moteur comique évident, l’acteur surjouant avec une jubilation certaine cette
espèce de grand échalas toujours en mouvement, brassant l’air à tout va et déblatérant citations de grands auteurs et autres répliques absurdes, plus pour se donner une contenance, s’écouter
parler et monopoliser généralement l’attention, ne laissant quasiment jamais la parole aux autres… Quant au rythme stakhanoviste des personnages et du montage, accompagné de quelques folies
visuelles (les feuilles de papier qui s’envolent à chaque fois que le ministre entre ou sort à toute allure dans une pièce), il participe à merveille au caractère irrésistible et drôle du long
métrage.

Mais à travers le regard neuf d’Arthur (Raphaël Personnaz), ce jeune novice tout juste sorti de l’ENA qui intègre le cabinet d’un ministre de droite alors qu’il est lui-même plutôt positionné à
gauche, Tavernier propose évidemment une critique subtile et étonnante de la classe politique actuelle… Il faut dire que son point de vue reste ambivalent sur le personnage du ministre : si
celui-ci paraît souvent fou et si ses mouvements incessants se révèlent souvent vains, sa capacité à choisir des gens compétents plutôt que forcément de son bord politique ou ses positionnements
toujours fidèles à sa vision politique (notamment sa défiance vis à vis des Etats-Unis, nous rappelant à l’occasion que la politique étrangère de la France n’était pas si mauvaise avant le
sarkozysme) en font peut-être l’un des derniers grands personnages politiques français, avec une véritable vision et ampleur politique, à l’opposée au fond de nos dirigeants actuels, souvent
incultes et subissant – ou « accompagnant » – la marche du monde plutôt que la transformant ! Mais surtout, « Quai d’Orsay » propose une vision assez effrayante du fonctionnement de nos
gouvernements rongés de l’intérieur par l’obnubilation de la communicationnite : que reste-t-il de démocratie dans un système où la même personne se retrouve à écrire la question et la réponse
pour deux personnalités de bords politiques prétendument opposés dans une assemblée censé représenter le peuple de France ? Le propos du film demeure d’autant plus acerbe et inquiétant qu’il
s’appuie sur les propos de témoins authentiques de l’exercice du pouvoir…



Perspective :



- La Princesse de Montpensier, de Bertrand Tavernier (France,
2010)































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3 commentaires:

  1. Très bon film pour moi ! ça donne envie de le revoir pour mieux en rire. C'est à la fois caricatural et subtil. Les acteurs sont formidables, les dialogues super bien écrits : il y a plein de
    détails drôles et bien vus. Je vais m'empresser de lire la BD..


    Bon week-end !

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  2. Je n'arrive pas à rentrer dans la BD, pour l'instant je ne peux pas me détacher du film ! Par contre je connais des aficionados de la BD qui n'ont pas envie de voir le film..

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  3. C’est en parcourant la liste filmique de cette application film en streaming : https://itunes.apple.com/fr/app/playvod-films-et-series-en/id689997717?mt=8# que j’ai découvert ce long-métrage. Personnellement, je trouve que c’est une comédie
    intéressante, mais je m'attendais à voir un chef-d'oeuvre vu le casting !

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