La Vénus à la
fourrure
de Roman Polanski
(France, 2013)
Toute l’œuvre de Roman Polanski est traversée de personnages renfermés et souvent enfermés, donnant justement lieu à nombre de films tournés en huis clos : depuis « Le couteau dans l’eau », qui
se passe en grande partie sur un bateau, jusqu’au récent « Carnage », en passant par « Le
locataire » ou encore « La jeune fille et la mort »… C’est également le cas de cette « Vénus à la fourrure », pour laquelle le cinéaste ose encore aller plus loin, en situant l’action dans un
petit théâtre miteux et réduisant surtout la distribution à seulement deux personnages, dont l’un n’existe d’ailleurs probablement que dans l’imaginaire du second ! Extrêmement confiné, le long
métrage sait pourtant transformer la scène du théâtre en véritable plateau de cinéma, grâce à la maîtrise et l’intelligence de la mise en scène de Polanski, qui sait d’ailleurs toujours se faire
discrète et subtile : c’est ici le son d’une tasse de café imaginaire, là des perspectives ou des mouvements de caméra extrêmement précis…
Adapté d’une pièce de théâtre américaine, qui elle-même s’inspire du roman autrichien écrit en 1870 par Leopold von Sacher-Masoch (qui donna son nom au sado-masochisme), « La Vénus à la fourrure
» présente la confrontation d’un metteur en scène, désespéré de ne pas trouver la comédienne qui jouera sa Vénus, à une femme qui arrive en retard à l’audition et supplie de pouvoir la passer
malgré tout… Si Thomas, le metteur en scène, finit par céder à cette actrice qu’il commence par mépriser à cause de l’inconséquence et de la superficialité qu’elle incarne, il se retrouve très
vite troublé par son jeu, qui prouve qu’elle a tout compris à son personnage ! Leur échange se transforme progressivement en affrontement, glissant progressivement vers des rapports de
domination, où chacun devient tour à tour le bourreau et la victime, voire des jeux plus pervers et, comme il se doit en référence à l’auteur du texte d’origine, « masochistes »… Il est souvent
assez fascinant d’observer certains décalages et « ambivalences » entre le discours et les faits, le metteur en scène interprétant par exemple un homme soumis tout en dirigeant et dominant son
actrice, dont le personnage le domine…
Les dialogues du film, profondément inspirés, nourrissent bien des sujets et des réflexions, notamment sur les rapports humains : rapports homme-femme, rapport dominants-dominés, rapports
sadiques, lubriques, sensuels, indicibles, ambigus… Et tout cela se fait sur un ton de délicieuse comédie, rendant souvent les scènes et les échanges drôles et plaisants, quand ce n’est pas tout
simplement hilarants… Une atmosphère de plaisir à laquelle contribuent avec finesse et générosité les deux acteurs remarquables que dirigent avec brio Polanski : Mathieu Amalric, qui figure comme
un double du cinéaste lui-même, et la sublime Emmanuelle Seigner, femme du réalisateur, situation qui ajoute encore à la fascination de cette incroyable et fantasmatique « Vénus à la fourrure »,
incarnation probable de l’imaginaire et des désirs les plus profonds du personnage du metteur en scène !
Autres films de Roman Polanski :
Perspective :
Backstage : Emmanuelle Seigner sous les traits de Lauren Waks !
Quelle réussite! c'est incroyable comme avec un simple changement de coiffure ( formidable emmanuelle Seigner, et almaric et très bon aussi) , un accessoire (ah les cuissardes) , un élément
RépondreSupprimerdu décor, arrivent à faire de ce huis clos atypique un film passionnant qui nous tient en haleine. une merveille!
Bonjour Phil, entièrement d'accord avec tes éloges, c'est un excellent film souvent drôle. Emmanuelle Seigner a beaucoup d'allure et Amalric joue le jeu jusqu'au bout. Bonne après-midi.
RépondreSupprimerUn bon film, par contre dommage que les dialogues de Emmanuelle nous ramène de suite à Mathilde... 2/4
RépondreSupprimerpas d'insulte s'il te plaît... les 2 soeurs n'ont rien en commun !
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