vendredi 19 août 2011

[Critique] La piel que habito, de Pedro Almodovar



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La piel que habito, de Pedro Almodovar (Espagne, 2011)



Sortie le 17 août 2011



Note :
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Avec « La piel que habito », Almodovar s’essaie au cinéma de genre, quelque part entre le thriller fantastique et la science-fiction (le « présent » du film se déroule en 2012), pour mieux en
détourner les codes et les faire exploser. Au confluant de plusieurs inspirations, le film se veut tour à tour une adaptation de roman (« Mygale » du français Thierry Jonquet), une référence à un
film (« Les yeux sans visage » de Georges Franju), ainsi qu’une série d’hommages au cinéma d’Hitchcock ou encore de Bunuel… Tout cela plaqué à l’hystérie habituelle du cinéma du cinéaste espagnol
donne alors un drôle de sentiment de « trop plein », qui ajoute sans cesse de la confusion à la profusion…

Du coup, ce que le film gagne en richesses, en citations ou en ramifications, il le perd souvent en lisibilité… Si le goût d’Almodovar à raconter des histoires ahurissantes est toujours bien là
et témoigne d’un talent certain (notamment par le biais d’une narration alambiquée et d’une construction temporelle complexe), la structure tourne ici un peu en rond et on finit par s’y perdre ou
s’y ennuyer par manque de véritable intérêt. Le tout finit un peu par ressembler à l’intrigue d’une telenovela mexicaine, filmé sur du velours et en nettement plus sulfureux cela va de soi ! Mais
le problème majeur de cette histoire de docteur Frankenstein moderne, qui a réussi une greffe intégrale d’une nouvelle peau révolutionnaire, c’est peut-être aussi sa mise en scène par trop «
clinique » et glaçante, qui participe certes à la noirceur vénéneuse de l’atmosphère d’ensemble, mais qui retire surtout aux personnages – et par la même occasion au film tout entier – toute
émotion, laissant pour le coup le spectateur dans un état d’indifférence naissante…

Néanmoins, pour peu que l’on passe sur cette ambiance mortifère, on retrouvera avec fascination les thèmes favoris du cinéaste, qu’il creuse avec passion et conviction de film en film… On restera
par exemple subjugué ici par cet étonnant personnage, beau garçon à qui l’on impose peu à peu de devenir femme. Cette façon d’imposer un corps qui n’est pas le sien à quelqu’un, et de lui faire
franchir par-là même les frontières de genre, se révèle une fable curieuse : sans doute pas suffisamment aboutie, mais dont le potentiel nous incite à nous interroger sérieusement sur notre
rapport au corps et à ses interactions possibles avec d’autres corps… Le trouble est bien prégnant, il suffisait peut-être d’un souffle un peu plus chaleureux pour le mettre en mouvement !































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12 commentaires:

  1. J'ai été plus emballé apr le film. Je le trouve d'une virtuosité rare, et il m'a pas mal ému. Par contre c'est pas bien de tout raconter tssss :p

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  2. La bande annonce partait déjà un peu dans tout les sens au point que je ne savais pas de quoi parlait le film. Je ne franchirais pas le pas car je suis pas forcement fan de Almodovar (remarque,
    je n'étais pas non plus fan de Lars Von Trier) mais surtout parce que que tu confirmes que le film en fait des tonnes dans le délirant.

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  3. Ah j'ai adoré le film. Certes il est froid dans sa mise en scène, dans son "exécution" pourrait-on dire, mais l'émotion est bien présente grâce aux acteurs - avec sans nul doute Banderas en
    retrait. Les regards et les destins sont déchirants de douleur.

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  4. Bon, inutile de te dire que quand j'ai lu "telenovelas mexicaine" j'ai eu le poil dressé... Pour moi ce film est un pur chef d'oeuvre.LE film de l'année...


    Et je ne partage pas ton avis sur la froideur et le manque d'émotion, le mélo y est certes moins prégnant qu'à l'habitude mais il revient de manière très étonnante et aussi poignante que furtive
    à la toute fin du film.


    Et - entre parenthèses-  je trouve que ça n'est pas du tout correct de spoiler ici un élément fondamental du récit, J'ai lu beaucoup de critiques, positives comme négatives, mais tu es le
    premier à faire ça... J'imagine si j'avais lu ta critique avant de voir le film à quel point tu m'aurais gâché une partie du plaisir de la surprise...


    Pas bien !!!


    Fessée !!!


    Cul nu...

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  5. Totalement d'accord avec Dom sur "ces regards et destins déchirants de douleur", c'est très bien dit... et déchirant est le mot juste

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  6. Un thriller qui manque cruellement de suspense et de piments. Antonio Banderas reste trop lisse pour jouer ce chirurgien dérangé et psychologiquement instable. Ensuite si le montage reste bien
    construit il y a trop de temps mort, de baisse de régime. En ce qui concerne la "métamorphose" il manque un poil de vraisemblance du point de vue chirurgical. Un bel esthétisme formel et une
    Elena Anaya juste parfaite. On reste déçu malgré tout. 1/4

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  7. Le commentaire de Sélénie est l'exact copié collé de celui laissé chez moi quelques jours avant...

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  8. Bon, et inutile de te dire que j'ai adoré le Woody Allen et beaucoup aimé le Téchiné ;-)

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  9. ARG ! on n'est encore pas tout à fait d'accord : ça méritait BEAUCOUP plus d'étoiles ça ! Rhhhooo !


    Et dis donc ? C'est quoi ce spoiler HONTEUX à la fin de la critique ?


    Almodovar a signé un film magnifique, pervers à souhait et perturbant au possible : c'est sans doute un de ses meilleurs (avec la mauvaise éducation, tout sur ma mère etc...) Je pense qu'il sera
    pas loin de mon top 3 de 2011 ! Pick a beaucoup aimé aussi !


    Rick

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  10. D'Almodovar ....... Talons Aiguilles, Attache-moi et La Mauvaise Education.


    Autant dire qu'il m'en reste à voir.


    Sa Mauvaise Education est troublante, Fele et Gael réunis c'est quelque chose tout de même !!! 

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