lundi 21 mars 2011

[Critique] Ma part du gâteau, de Cédric Klapisch



ma_part_du_gateau.jpg



Ma part du gâteau, de Cédric Klapisch (France, 2011)



Sortie le 16 mars 2011



Note :
attention.gif

star.gif




On comprend très (trop ?) bien les intentions de Klapisch à travers cette histoire de pauvre maman virée de son usine en faillite et reconvertie en femme de ménage pour un riche trader solitaire
et arrogant, motivé par le seul argent qu’il tire justement en précipitant les usines dans la faillite, qui pour lui ne sont que des chiffres sur des écrans… Ouf ! Le cinéaste, souvent inspiré
par le passé pour décrire les phénomènes sociaux, livre ici un tableau poussif d’une France coupées en deux hémisphères radicalement séparés : celle d’en haut et celle d’en bas. Opposant dos à
dos les gentils pauvres et les méchants riches, « Ma part du gâteau » laisse un moment croire que le trader finira par se laisser convaincre par sa femme de ménage tellement sympa : sauf que non,
c’est juste un gros blaireau qui ne pense qu’à la thune et à la baise, et qu’au degré où sont les choses, les univers respectifs de chaque personnage ne peuvent de toute façon que s’affronter et
se haïr… Idéologiquement, on ne peut bien sûr que donner raison à Cédric Klapisch : le libéralisme sauvage détruit les vraies valeurs humaines… Sauf que son film s’avère par trop démonstratif !
Il est toujours là, avec sa grosse caméra et ses gros sabots, pour nous montrer combien c’est mieux d’être pauvre que d’être riche, parce que les pauvres, eux, ils n’ont peut-être pas d’argent,
mais au moins ils savent s’amuser… et surtout, ils ont l’amour ! Mais allez me trouver une famille de pauvres qui s’aime comme dans le film et je vous offre un badge… Avec son personnage qui s’appelle si subtilement « France », le réalisateur ne s’avère par vraiment
plus doué lorsqu’il use de métaphores balourdes : lors d’une promenade au parc, la maman pauvre explique à sa fille qu’il faut donner le pain aux canards en visant d’abord les petits, mais sa
fille lui rétorque qu’en faisant comme ça, les gros font alors du mal aux petits pour leur prendre leurs miettes… Youhou ! Sans compter enfin que le film multiplie les situations peu crédibles :
des pauvres qui cuisinent des pâtes Lustucru plutôt que des Leaderprice, par exemple, à qui veut-on faire avaler ça ?!

Si « Ma part du gâteau » est aussi léger qu’un éléphant obèse dans son propos, on ne peut pas dire qu’il soit non plus aidé par la plus grand partie de son casting… Les seconds rôles ne sont
vraiment pas fameux et le personnage du trader est incarné par un Gilles Lellouche mauvais comme un manche… Reste la magistrale Karin Viard, qui porte littéralement le film sur ses épaules et qui
excelle dans les moments de comédie ! Elle demeure probablement l’une des plus grandes actrices françaises vivantes aujourd’hui, et l’on ne peut que regretter qu’elle reste aussi sous-employée
par le cinéma… Rien que pour elle, alors oui, cette « part de gâteau » prend une vraie saveur, loin de la fadeur du scénario et de scènes caricaturales, qui alternent les genres sans la
virtuosité que l’on avait connu naguère chez le réalisateur du « Péril jeune ». Un ratage bien intentionné…































  • Plus










9 commentaires:

  1. Bah... On voit quand même qu'elles font leurs courses chez Lidl...

    RépondreSupprimer
  2. Pour les Lustucru, y'a plein d'hypothèses qui peuvent répondre à ta question : une grosse promo sur les Lustucru, une rupture de stock des pâtes Leader Price, ou c'est peut-être l'une des mamans
    des enfants que France garde qui bosse chez Lustucru.


    Bref, sinon je suis assez d'accord avec toi sur le côté très carricatural, bien que le film ne deumeure pas si loupé que ça. Il est notamment sauvé par une fin assez percutante, là où j'avais
    peur que Klapisch nous balance une happy-end. Et Karin Viard ! Elle est tout simplement magnifique !


    Ceci dit, j'avoue avoir un peu surnoter le film sur mon blog, porté par l'engouement de la sympathique rencontre avec Klapisch, Viard et Lellouche qui avait suivi la projo...

    RépondreSupprimer
  3. Si « Ma part du gâteau » est aussi léger qu’un éléphant obès, +1

    RépondreSupprimer
  4. Depuis quand Leaderprice fait du placement de produits ? ^^

    RépondreSupprimer
  5. J'ai beaucoup aimé le coup du méchant : meilleur bad guy des 10 dernières années dans le cinéma français...

    RépondreSupprimer
  6. Klapisch fait dans le social, maintenant ? Le cinéaste du boboïsme parisien va-t-il se reconvertir dans le registre des frères Dardenne ? Affaire à suivre !

    RépondreSupprimer
  7. Klapisch la comédie sociale ? Plutôt la comédie parisienne boboïsante ... Pour trouver des comédies sociales il faut traverser les alpes et voir les films de
    Scola et de Dino Risi !

    RépondreSupprimer
  8. Bobo ? Bourgeois bohême, parisien aisé, issu d'un milieu bourgeois- qui se prend de passion pour les plus démunis et qui est sympathisant du NPA, remettant en cause le système tout en profitant
    allègrement.   Tu retrouves la caricature de ces personnages souvent dans les milieux artistiques, du
    théâtre et du cinéma où on vomit le système pourri dans lequel on vit tout en vivant dans un grand duplex à Montmartre !


    Ca veut dire que Klapisch narre les états d'âmes d'étudiants ou de parisiens de la classe moyenne supérieure, dans une approche psychologisante et  égotiste tout en
    écartant les problèmes sociaux. Il n'y a pas de dimensions sociales, dans son cinéma, comparable aux frères Dardenne voire à Guédiguian.
    Paris étant le summum dans ce type de cinéma ! Mais il faut de tout pour faire un monde et Klapisch, de Neuilly, filme ce qu'il a connu et se
    rapprocherait d'un Woody Allen, new-yorkais assumé qui ne filme que ses états d'âme sur la difficulté des rapports avec l'autre et de la psychologie des relations hommes-femmes. Très post-moderne
    comme cinéma.

    RépondreSupprimer